Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2001

Salta

La vigne - n°122 - juin 2001 - page 0

Le vignoble argentin de Salta est réputé pour son torrontés, un blanc très aromatique. Mais on observe un intérêt croissant pour les rouges.

Les vallées Calchaquies du nord-ouest de l'Argentine sont formées par les chaînes montagneuses de la cordillère des Andes. Au centre, la province de Salta abrite un vignoble de 1 542 ha, soit 2 % seulement de la production argentine. ' Nous produisons à 95 % du vin fin, ce qui fait notre particularité ', déclare Eduardo Salvado Gomez, directeur de l'Institut national de vitiviniculture de Cafayate. Il fait référence au fait que l'Argentine est avant tout un important producteur de vin de table. Au coeur du vignoble de Salta, la localité de Cafayate constitue le centre producteur le plus important, avec 75 % de sa surface occupée par les vignes. On y trouve neuf bodegas (type wineries à l'américaine) parmi les dix-sept de la région.La culture de la vigne est apparue au début du XIX e siècle. Récemment encore, les bodegas produisaient à 90 % du blanc, élaboré principalement à partir d'une variété d'origine espagnole : le torrontés riojano. C'est le cépage emblématique de la vallée de Salta, reconnaissable à ses énormes grappes. Il peut atteindre un rendement de 20 t/ha, tout en conservant une qualité correcte. Aussi cultivé à Mendoza et dans d'autres vignobles d'Argentine, il a dans chaque terroir des caractéristiques différentes. ' Notre torrontés salteño est très aromatique, très fruité, doté d'une saveur persistante et subtile, décrivent les oenologues. Ce cépage n'est pas élevé en fûts de chêne afin de lui conserver sa typicité. ' ' La consommation mondiale de blanc subissant une baisse au profit du rouge, le marché est bien moins favorable qu'avant à notre torrontés ', explique Adrian Abregu, ingénieur agronome responsable du vignoble de la bodega Michel Torino. A tel point que ces deux dernières années, aucun prix n'a été fixé pour le raisin blanc car il n'y avait pas d'acheteur ! Quant au prix des cépages rouges, il varie entre 0,50 et 0,60 $/kg de raisin (1 $ = 7,20 F). Phénomène intéressant en effet, depuis cinq ans, les vignerons de la région investissent dans les variétés rouges : malbec, cabernet sauvignon, merlot, syrah ou tannat. Planter 1 ha de vigne coûte entre 8 000 et 10 000 $. La proportion de vin blanc se trouve déjà ramenée à 70 % de la production. Ce mouvement va se poursuivre. La bodega Domingo Hermanos, par exemple, souhaite atteindre 40 % en blanc et 60 % en rouge. Selon Eduardo Salvado Gomez, le souci d'élaborer des rouges de grande qualité est récent : ' Nous obtenons des rouges structurés et colorés, des vins à forte personnalité. Ils ont déjà acquis une certaine notoriété. ' Le cafayate-malbec de la bodega Etchart a ainsi reçu la médaille d'argent au premier concours Argentin Malbec, en 2000. Un signe pour un vignoble historiquement connu pour ses blancs. José Luis Mounier, directeur de cette bodega appartenant au groupe français Pernod-Ricard, fait le rapprochement : ' Le torrontés est un cépage exotique qui ne cesse d'être une curiosité. Cela constitue un avantage pour nos vins rouges car il continue d'attirer l'attention des consommateurs sur la région. ' Alejandro Pepa, oenologue chez Michel Torino, explique : ' En hiver, la température nocturne atteint parfois les - 10°, mais la vigne n'en est pas affectée car l'air reste sec (200 mm d'eau par an) et le soleil de la mi-journée est très chaud. De plus, les sols, riches en mica, facilitent le stockage de la chaleur, puis son transfert à la plante. ' Grâce à ce climat, la vigne est saine et ne nécessite qu'un ou deux traitements annuels au sulfate de cuivre. Les sols francs sablonneux, perméables et légers, facilitent également l'évacuation de l'humidité. Il s'avère que les vignerons de la vallée apportent un soin particulier à l'environnement : Etchart a pour projet la mise sur pied d'un vignoble bio dans une partie bien aérée de la vallée ; chez Domingo Hnos, un élevage de 400 chèvres va remplacer, dans les vignes, les engrais chimiques par de la matière organique. Le vignoble peut s'étendre très haut sur les contreforts montagneux. Domingo Hnos, par exemple, possède 22 ha à Yacochuya, à 2 100 m d'altitude, plantés en cépages malbec, cabernet et merlot. ' A cette altitude, l'amplitude thermique quotidienne atteint 18 à 20°C, ce qui limite la perte d'arôme. Le sol, plus pierreux, permet un meilleur drainage. Le risque de grêle est certes plus important ', explique le directeur de production. Dans le but d'organiser des randonnées culturelles et sportives, cette bodega familiale aménage une cave à Yacochuya et y reconstruit un village indien toujours habité. La vallée de Salta n'est pas seulement une région viticole, mais également une terre de tradition indienne aux paysages grandioses. Depuis cinq ans, les bodegas cherchent de plus en plus à profiter du flux de touristes en organisant des visites de caves et des dégustations. Etchart a ainsi accueilli 30 000 visiteurs au cours de l'année 2000. ' Il n'y a pas de terre disponible et les bodegas ne souhaitent pas vendre. De ce fait, il est impossible de fixer un prix pour une parcelle ', explique un responsable. Mais le potentiel n'est pas encore saturé car beaucoup possèdent de nombreux hectares à planter en vignes. Etchart n'exploite que 300 ha sur ses 4 000 ha. Seule la bodega Domingo Hnos reste une propriété familiale alors que les autres appartiennent à des industriels argentins ou étrangers. Le groupe Peñaflor, numéro un du vin dans le pays, est par exemple propriétaire de Michel Torino.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :