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Dernières tries décevantes

La vigne - n°116 - décembre 2000 - page 0

La taille commence sous la pluie. L'état des sols, souvent détrempés, a gêné l'avancée des travaux viticoles

Les premières tries d'octobre étaient prometteuses dans le Sud-Ouest, mais la situation s'est dégradée en novembre. ' Les premières cuves récoltées en Sauternais (Gironde) étaient de grande qualité, et pouvaient atteindre 21° potentiel, relate un technicien. Début novembre, une pluie fine et ininterrompue a commencé. Et même si les moûts titraient encore 18 à 20°, on avait perdu un peu en qualité. 'A Monbazillac (Dordogne), les vignerons ont misé sur la deuxième trie pour tenter d'atteindre le rendement, mais les raisins de la dernière trie resteront dans les vignes. Dans le Pacherenc du Vic-Bilh (Gers), de beaux degrés ont été atteints. L'état sanitaire du petit et gros mansengs s'est maintenu jusqu'à mi-novembre grâce au froid. Le redoux fin novembre a fait craindre une dégradation rapide et certains vignerons, adeptes des vendanges de décembre, prévoyaient d'avancer les dernières récoltes. En Alsace, la pluie a également perturbé les vendanges tardives. ' Avec les pluies continuelles et les températures élevées, les pellicules se sont dégradées très rapidement, même sur le gewurztraminer pourtant très mûr. Le problème n'était pas trop la pourriture grise, mais une mauvaise tenue des pellicules qui faisait craindre des faux goûts. L'état des parcelles était très hétérogène cette année mais, en général, les parcelles qui étaient laissées pour fin novembre ou mi-décembre les autres années, ont été vendangées ', explique un conseiller. Même écho en Touraine où les degrés atteints ne permettront pas de faire beaucoup de liquoreux, mais plutôt des demi-secs. Les Angevins semblent plus satisfaits : ' A partir du 10 novembre, le froid s'est installé, les feuilles sont tombées, ce qui a permis de concentrer les raisins. Fin novembre, les vendanges s'achèvent, et les chenins qui restent dehors sont de belle qualité, avec de faibles rendements et des degrés potentiels de 15 à 22°. L'enherbement et l'effeuillage ont joué un grand rôle dans la bonne conservation des raisins ', souligne un conseiller. Pendant le mois de novembre, certaines régions ont reçu le double ou le triple de la pluviométrie moyenne. Partout, l'accès aux parcelles était difficile. ' La plupart des interventions ont eu lieu au début du mois, explique un conseiller gersois. Comme il est tombé près de 200 mm sur le mois, les opérations de prétaillage mécanique, de plus en plus répandues, ont pris du retard. ' ' Vu l'état de la plupart des parcelles, il a été difficile de remplacer les ceps, d'enherber, de positionner les engrais ou encore de désinfecter les sols, ajoute-t-on dans le Vaucluse. Les opérations de travail du sol ont aussi été reportées, ce qui est mieux d'un point de vue environnemental, puisqu'on limite l'érosion et le lessivage des nitrates en maintenant un couvert végétal plus longtemps. ' A Sancerre (Cher), les vignerons ont dû profiter des premiers jours de novembre pour commencer le travail des vignes. En effet, la pluviométrie cumulée au 25 novembre était de 168 mm, contre 63 mm en moyenne. ' On profite de la période de taille pour remplacer les pieds eutypiés. Un travail long mais nécessaire. Selon une enquête récente de la Protection des végétaux, 8 % des pieds extériorisaient les symptômes de l'eutypiose sur le vignoble du Pouilly-Fumé ', explique un conseiller sancerrois. En Alsace, la taille avance rapidement. ' Les vignerons ont commencé tôt cette année ', constate un conseiller du Haut-Rhin. Cette période permet de repérer les symptômes d'excoriose. A Bergerac et à Bordeaux, ils sont assez fréquents. ' On voit beaucoup de pieds atteints, qu'il va falloir traiter au printemps. En effet, le cabernet sauvignon y est sensible, et les deux printemps très humides ont été très favorables au développement de la maladie ', explique-t-on à Bergerac. Quant aux vignobles du pourtour méditerranéen, ils ont été moins touchés par les pluies. Dans les Pyrénées-Orientales, il n'est tombé que 33,4 mm de pluie. Dans l'Hérault, malgré beaucoup d'heures de pluie comptabilisées, la bruine n'a pas suffi à détremper les sols. Dans le Var, pourtant un peu plus arrosé, les conseillers estiment que cet épisode pluvieux n'aura pas suffi à reconstituer la réserve hydrique. Partout, les précipitations s'accompagnent d'une douceur inhabituelle. ' Il n'y a pas encore eu de véritable gelée, les feuilles sont donc restées longtemps sur les vignes ', constate une technicienne chablisienne. Dans le Var, le 1 er décembre, les feuilles étaient toujours là et l'arrivée du froid se faisait attendre. La taille n'avait pas vraiment commencé dans les Pyrénées-Orientales, où les vignerons préfèrent attendre la chute des feuilles. ' Nous avons conseillé de profiter de cette période de douceur, qui a préservé les feuilles, pour retarder le début de la taille afin de bien laisser les réserves migrer des feuilles dans les racines ', ajoute un conseiller bordelais.

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