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Argentine, une lutte active contre la grêle

La vigne - n°110 - mai 2000 - page 0

Les trois quarts des vignobles argentins, soit 144 000 ha, se situent dans la province de Mendoza, sur les contreforts de la cordillère des Andes. Dans cette région semi-désertique, de fortes tempêtes de grêle dévastent régulièrement les productions maraîchères et viticoles. Mariano Bustos, administrateur de la bodega Etchart - appartenant à Pernod-Ricard - témoigne: 'Cette année, sur certaines parcelles, la grêle a détruit 100% des raisins et blessé gravement les ceps. Nous perdons un an et demi de récolte, et l'Etat ne verse aucune indemnité.'

Face à cette menace, les producteurs expérimentent différentes solutions. Les compagnies d'assurances, qui proposent des contrats au coût élevé et dissuasif, ont peu de succès. Certains propriétaires préfèrent même planter un autre vignoble pour limiter les risques statistiques d'être touché, ce qui revient à 's'assurer soi-même'. Il faut quand même compter entre 140 000 à 200 000 francs par hectare, terrain compris.
Une importante partie du vignoble est équipée de filets, surtout les parcelles les plus qualitatives. L'investissement se situe entre 20 000 à 70 000 francs par hectare selon que les filets recouvrent les vignes par le haut ou qu'ils emprisonnent le rang (comme sur notre photo ci-dessus). Les filets les plus résistants viennent d'Italie et ont une durée de vie d'une dizaine d'années. Le gouvernement de la province accorde des prêts à 0% pour encourager cet investissement.

Selon un technicien, 'ces protections en hauteur réduisent de 15 à 20% la lumière solaire; les filets amovibles évitent cet inconvénient sur les vignes palissées, mais ne peuvent s'adapter à la pergola qui doit être protégée au-dessus avec un filet permanent'.
Autre solution: l'avion. Pour 130 francs seulement par an et par hectare, la société américaine Weather Modification (WM), récemment installée dans la région, affirme transformer en pluie les nuages à grêlons. Deux radars surveillent les 300 000 hectares de la zone cultivée, ils détectent l'imminence d'une précipitation et préviennent les pilotes qui décollent pour 'semer' l'iodure d'argent dans les nuages suspects. Selon le commandant argentin Mir, 'en multipliant les noyaux de condensation, la grêle tombe très fine, ou sous forme de pluie'. WM collabore avec des universités d'Argentine et des États-Unis. Un contrat a été signé pour cinq ans, pour un coût annuel de 40 millions de francs, payé pour moitié par le gouvernement et la profession. Nombre de vignerons demeurent cependant sceptiques sur cette technique... et continuent d'installer des filets.

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