Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2000

Le tout-à-l'égout coûte plus cher que l'épandage

La vigne - n°109 - avril 2000 - page 0

Les frais de raccordement des caves aux stations d'épuration communales varient de 1 à 10 selon les régions. Cette solution coûte plus cher que l'épandage. Les vignerons qui l'adoptent veulent avoir l'esprit tranquille ou n'ont pas d'autre choix.

Les conditions techniques de raccordement aux stations d'épuration communales sont assez similaires dans les différentes régions. En Anjou, dans le Beaujolais et en Alsace, les lies sont envoyées en distillerie et, sauf exception, les jus de détartrage sont récupérés pour être recyclés. Aucun traitement visant à abaisser la charge polluante n'est demandé. La neutralisation des effluents n'est pas imposée. En fait, le seul traitement se limite au dégrillage, une opération consistant à éliminer tous les éléments grossiers, comme les peaux ou les rafles. Malgré cette simplicité, quand ils ont le choix, les vignerons évitent de se raccorder aux stations communales. Ils ne le font que dans des cas précis, comme en Alsace, une région où l'épandage est interdit, ou à Châteauneuf-du-Pape où il n'y a pas la place d'installer les capacités de stockage nécessaires avant épandage. Dans cette commune, les vignerons participeront à hauteur de 5,25 F/hl au fonctionnement de la station, dont la mise en service est prévue pour le mois d'avril 2000.L'envoi des effluents dans le réseau communal coûte souvent plus cher que l'épandage. C'est le cas en Anjou. Dans une région où le chantier de la mise aux normes des propriétés viticoles est bien lancé, l'épandage a les faveurs de la majorité.'Beaucoup de terrains se prêtent à cette solution qui est, en outre, favorisée par son coût, soit de 5 à 7 F/hl dans le cadre d'équipements collectifs', explique Véronique Caumont, chargée du dossier à la Fédération viticole de l'Anjou. En comparaison, le coût moyen de raccordement oscille entre 10 et 12 F/hl, mais l'écart va de 3 F/hl, dans le cas d'une station amortie, à 20 F/hl (investissement et fonctionnement) pour la station spécifiquement viticole de Chacé et Varrains, près de Saumur. Cette différence pousse les vignerons à quitter leur réseau d'épuration communal. Ils investissent alors, en moyenne, plus de 60 000 F hors taxes. Cette somme est consacrée à l'acquisition de la capacité de stockage mais également à effectuer d'autres améliorations qui ne sont pas directement liées à l'épuration.Dans le Beaujolais, le travail débute. Selon l'UVB (Union viticole du Beaujolais), environ 15% des 2 000 vignerons de la région sont équipés pour traiter leurs effluents. La profession a abordé le dossier en définissant deux zones tests, l'une à Chiroubles, au nord de Villefranche, et l'autre dans la vallée de la Galoche, au sud. Elles ont bénéficié d'une étude de coûts des différentes solutions techniques.A Chiroubles, la réflexion est en cours. Le redimensionnement de la station communale entraînerait une participation de l'ordre de 20 F/hl, à condition que les cinquante-deux vignerons du village (19 000 hl/an) y envoient leurs effluents. L'épandage collectif sur les bords de la Saône, à 15 km, coûterait entre 12,50 et 15 F/hl. Quant au traitement par une station destinée uniquement aux rejets viticoles et à laquelle serait également raccordée la coopérative du village (6 000 hl par an), il est évalué entre 13 et 16 F/hl.Dans la vallée de la Galoche, les décisions sont prises. La nouvelle station de Marcy traitera les effluents de plusieurs entreprises individuelles, totalisant 2 000 hl. Il leur en coûtera 20 F/hl, le double de l'épandage collectif (9-10 F/hl). 'Le chiffre a fait bondir', reconnaît Jacques Rebut, président du syndicat d'assainissement. Mais d'autres facteurs ont joué. 'Des exploitations n'ont pas la place pour stocker et certains viticulteurs préfèrent dormir sur leurs deux oreilles en laissant la responsabilité d'une éventuelle pollution à la charge du syndicat.'Un autre cas de figure fait grincer des dents. A Saint-Etienne-des-Oullières, la station communale traite les effluents pour 3,60 F/hl. Cependant, il en coûte plus cher à la coopérative locale. Du fait de son volume de 25 000 hl/an, l'unité est soumise à la redevance pollution. Cette taxe, ajoutée au frais de raccordement, ramène le coût à 8,40 F/hl. Car 'si une partie de cette redevance est bien reversée au syndicat d'assainissement, c'est la facture de tout le monde qui en profite' signale Pierre Magnaud, responsable de la commission effluents à l'UVB.Le cas de l'Alsace est spécifique. L'épandage est interdit en raison de la densité de la population et de la protection de la nappe phréatique. Le dégrillage est de règle à peu près partout. L'ensemble des entreprises sont raccordées depuis des années aux stations communales. Il leur en coûte ce que paie n'importe quel consommateur d'eau. Mais l'heure est à la révision des contributions dans un climat tendu.A cet égard, la négociation en cours entre la viticulture et le Sivom de Beblenheim, près de Colmar, donnera la tendance pour plusieurs stations dont la rénovation est programmée à court terme. Les tractations ont déjà permis de ramener la participation viticole à l'investissement de 6 à 2,60 F/hl, mais la profession refuse de s'engager sur le fonctionnement au titre duquel le Sivom réclame 1,10 F/hl. 'Les frais de fonctionnement sont invérifiables et la profession n'est pas partie prenante dans les instances décisionnelles' argumente Simone Kieffer, chargée de mission à l'Ava (Association des viticulteurs d'Alsace). Une autre inquiétude se rapporte aux techniques utilisées. 'Produiront-elles des boues demandant un traitement particulier et dont le coût serait répercuté sur la viticulture?' interroge Simone Kieffer. Enfin, l'absence d'engagement sur l'efficacité du traitement rend hypothétique, selon la profession, tout retour de la redevance pollution en cas de résultat d'épuration satisfaisant.Du reste, l'Ava souligne que les entreprises taxées n'ont, dans le passé, jamais bénéficié du premier franc de reversement de la part des Sivom.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :