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Malte

La vigne - n°107 - février 2000 - page 0

La grande majorité des vins de Malte sont élaborés à partir de raisins importés d'Italie. Une situation que devra clarifier ce pays, candidat officiel à l'entrée dans l'Union européenne.

Petit pays de 316 km² et 400 000 habitants, Malte se situe à 100 km au sud de la Sicile. Sa surface totale de vignoble est évaluée à 200 ha mais il n'existe pas de statistiques précises. A part deux sites de production de 8,5 ha et 19 ha, le vignoble est éparpillé sur les deux îles principales. La surface moyenne par exploitant ne dépasse pas un tiers d'hectare. L'encépagement n'est pas non plus connu précisément. Des variétés internationales font leur apparition depuis quelques années sous l'impulsion de trois opérateurs. Mais les cépages locaux, girgentina pour le blanc et gellewza pour le rouge, et les variétés de raisin de table sont encore bien implantés chez les petits propriétaires.
Les viticulteurs se heurtent à plusieurs difficultés. Le premier facteur limitant est le manque d'eau auquel on remédie par l'irrigation. Le second est lié à l'absence d'un véritable repos végétatif durant l'hiver, faute de températures suffisamment basses. Cela provoque un vieillissement rapide des souches et donne des rendements assez faibles compte tenu des autres paramètres environnementaux plutôt favorables. Enfin, les vents violents peuvent causer des dégâts. La production moyenne de vin à Malte se situe aux alentours de 100 000 hl mais là encore, il est difficile d'obtenir des statistiques précises. Parmi les producteurs locaux, certains vinifient eux-mêmes pour leur consommation et vendent une partie de leur production sur les marchés; d'autres vendent tout ou partie de leur récolte aux négociants. Bien évidemment, les 'vins de Malte' ne sont pas tous issus des 200 ha de vignes maltaises. Près de 80% des raisins mis en oeuvre viennent d'Italie par camions réfrigérés.
Les deux principaux opérateurs de Malte, Marsovin et Delicata, produisent chacun 3,5 millions de bouteilles. Marsovin récolte environ 65 tonnes de raisin sur son vignoble de 8,5 ha, planté uniquement de variétés internationales. La cave achète près de 400 t de raisin aux agriculteurs locaux. Une loi maltaise oblige en effet les négociants à assurer un débouché aux cépages locaux pour obtenir leur licence d'importation. De plus, Marsovin achète en Italie 4 000 tonnes environ de raisin par an. La société Delicata, elle, ne possède pas de vigne et travaille par contrat avec des producteurs locaux. Actuellement, elle achète la production de 78 cultivateurs, soit l'équivalent de 40 ha. Tout le reste du raisin nécessaire est importé d'Italie.

D'une façon générale, ces deux maisons vinifient à part les raisins provenant de Malte. Ce sont ces vins qui pourront être ensuite exportés vers l'Union européenne. 'Compte tenu des règles européennes, un vin vinifié à Malte à partir de raisin italien ne peut arriver sur le marché européen qu'à la condition de n'indiquer ni la provenance, ni le cépage, ni le millésime, ni le nom du producteur. On ne peut écrire que 'vin rouge' ou 'vin blanc' sur l'étiquette', explique Bill Hermitage, directeur associé de la société Delicata. Selon les règles européennes, l'origine du vin est celle du raisin et non celle du lieu de la mise en oeuvre.
Autre point sur lequel il faudra se pencher si Malte entre dans l'Union européenne, la chaptalisation. 'En effet, en raison de la situation géographique du pays, il faut un degré minimum de 9% vol. pour les vins de table et la chaptalisation est limitée à 2°. Avec les variétés internationales, correctement palissées, on y parvient sans problème. Avec les variétés locales qui ne sont pas toujours bien conduites mais que nous sommes obligés d'acheter, il est parfois nécessaire d'aller jusqu'à 3° d'enrichissement. Cependant, nous ne souhaitons pas voir disparaître ces variétés. Elles font partie de l'identité culturelle du pays', constate Philip Tonna, oenologue chez Marsovin.
En fait, le rêve de ces deux maisons est d'acheter davantage de raisin localement et d'en importer moins jusqu'à parvenir, pourquoi pas, à l'autosuffisance. Ceci leur permettrait de travailler des produits à plus forte identité et d'économiser les coûts de transport du raisin. La difficulté est de trouver des terres disponibles et de pouvoir les acheter. En effet, l'île est petite et la pression d'urbanisation élevée. L'autre solution est d'inciter de plus en plus d'agriculteurs à se tourner vers une viticulture de qualité.

Une autre maison, Meridiana, a choisi une voie différente: produire des vins très haut de gamme issus de son propre vignoble. En 1994 et 1995, 19 ha d'un seul tenant furent plantés avec des variétés internationales. La production annuelle s'élève à 90 000 bouteilles, vendues localement et à l'export. Mais ce domaine est une exception: on estime en effet que 98% des vins produits à Malte sont consommés sur place ou achetés par les touristes comme souvenir.
Il existe enfin une autre conséquence à l'éventuelle adhésion de Malte à l'Union: les vins européens risquent de 'déferler' sur le marché maltais. En effet, pour le moment, il existe un droit de douane d'environ 24 F par bouteille à l'entrée du pays qui devrait alors disparaître. 'Nous allons devoir jouer la carte de la qualité si nous voulons vendre davantage à l'étranger et ne pas nous faire malmener sur notre propre marché', reconnaît un producteur.

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