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Un axe franco-italien pour 'peser'

La vigne - n°107 - février 2000 - page 0

Pour les nombreux dossiers viticoles se traitant sur les plans européen et mondial, les deux plus importants pays producteurs du monde veulent travailler de concert.

Pour la deuxième fois seulement, le comité des vins et eaux-de-vie de l'Inao s'est tenu à l'étranger. C'est la belle ville de Sienne, au coeur de la Toscane et patrie du Chianti, qui a été choisie. Si la première fois à Londres, en février 1995, il s'agissait de plonger au coeur de la concurrence mondiale, cette étape transalpine, ces 3 et 4 février derniers, avait pour ambition la mise en place d'un axe franco-italien pour 'peser' sur les questions viticoles. 'Nous sommes les deux plus importants producteurs de vin de la planète. Voisins, nous nous connaissons peu. Nous voulons préparer les dossiers en amont, avant de nous retrouver à quinze à Bruxelles. C'est la même chose pour l'OMC (Organisation mondiale du commerce)', explique-t-on à l'Inao. Il est vrai que le temps où les deux pays se déchiraient sur le front des importations ou de l'enrichissement n'est pas si loin...Après plusieurs rencontres préparatoires, ce comité de l'Inao s'est donc déplacé à Sienne, où il a retrouvé une partie des membres de son homologue italien. La principale décision a été de créer un comité de travail commun sur les AOC avec pour objectif 'd'aider les gouvernements à mieux prendre position sur les sujets viticoles' Il se réunira pour la première fois en juin. 'Nous sommes d'accord sur 95% des points. Il faut 'casser' la méfiance', a estimé Ricardo Margheriti, président de l'équivalent de l'Inao italien.Sur trois dossiers clés, les points de vue des deux pays se rejoignent; il faudra attendre la rédaction d'un texte pour lever les dernières ambiguïtés.Premièrement, les règles d'origine des vins et la défense des appellations. Pour l'origine, le lieu de production du raisin doit être privilégié. Cette question a suscité des controverses lors des négociations de l'OCM (organisation commune de marché) et reste en suspens sur le front de l'OMC.Pour un moût de pays tiers vinifié en Europe, on distingue deux cas de figure. S'il n'est pas mélangé, l'origine du raisin doit primer et ce n'est donc pas un vin européen. S'il y a assemblage (vin européen et vin d'un pays tiers), deux positions sont prises: si le produit est amené à rester dans l'Union, on refuse ce type de mélange en réaffirmant la règle des 100%; si le produit doit circuler dans le monde, une gestion comptable à partir des registres donnera la part de chaque vin et donc son origine. Sur le front de la protection mondiale des appellations, il est réaffirmé la volonté de constituer, dans le cadre de l'OMC, un registre multilatéral des indications géographiques.Deuxième volet où la synergie se dessine: le développement des exportations. Les deux pays les plus gros exportateurs de vin estiment avoir beaucoup à gagner à une libéralisation du commerce mondial. Sont demandés: la suppression totale des droits de douane réciproques, la levée des obstacles lors des mises en place de circuits de distribution, la simplification des formalités lors des transits, la levée des monopoles, que des contraintes d'étiquetage ne soient pas un obstacle technique aux échanges. 'Avec tous ces points, les entreprises de nos deux pays pourraient améliorer leurs parts de marché dans les pays tiers.'Dernier point: les pratiques oenologiques. Le Codex alimentarius, instance multilatérale chargée d'établir les normes de référence dans les échanges mondiaux, vient de s'emparer du vin, sous la pression des Etats-Unis, ces derniers ne parvenant pas à faire avancer leurs idées - essentiellement de nouvelles pratiques oenologiques - dans le cadre de l'OIV (Office international de la vigne et du vin). Cette instance intergouvernementale réunit une cinquantaine de pays producteurs et établit depuis trois quart de siècle les règles techniques applicables à notre secteur. 'Le danger est grand car l'approche du vin peut être complètement banalisée. Pour le Codex, si une pratique ne porte pas atteinte à la santé, elle est envisageable. Ainsi, une liste de 142 pratiques oenologiques nouvelles (additifs, colorants, stabilisants...), fruit d'un recensement mondial, est envisagée. Ici, des pays comme la France et l'Italie n'ont pas fait grand-chose... Or, il faut peser face aux vues plus laxistes des Américains et du Nouveau Monde', avance un proche du dossier.

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