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L'ère des chartes

La vigne - n°107 - février 2000 - page 0

Des chartes de production raisonnée sont en cours de rédaction à l'échelon national et dans plusieurs régions. Elles pourraient s'imposer comme les futures normes de la culture de la vigne.

C'est l'effervescence. Tant au niveau national que régional, on s'active pour rédiger des chartes de production raisonnée ou intégrée. L'ITV prépare un document que l'Onivins devrait avaliser. Sa publication devait avoir lieu le 8 de ce mois. L'Inao s'est lancé dans une démarche comparable, mais l'institut a dû prendre du retard car il n'en donne plus aucune nouvelle. Le Val de Loire et la Champagne sont bien plus proches d'aboutir. Et les associations Tyflo en Alsace, Terra Vitis en Beaujolais et la chambre régionale d'agriculture du Languedoc-Roussillon ont déjà ouvert la voie.Ces organismes sont, dans l'ordre, les premiers à avoir traduit en termes concrets les 'Directives pour la production intégrée en viticulture', le document de base de toutes les réflexions actuelles.Leurs chartes établissent une liste de produits autorisés ou dont l'usage subit des restrictions. Elle limitent l'emploi du cuivre à 4 kg/ha/an. Elles interdisent les pyréthrinoïdes contre les vers de la grappe. Par ailleurs, elles imposent de nombreuses règles. Nous n'en citerons que quelques-unes: l'analyse de terre avant la plantation puis tous les cinq ou huit ans, la tenue de registres des fumures et des traitements, l'enherbement des abords des vignes, le contrôle annuel de la qualité de la pulvérisation, une inspection complète des pulvérisateurs tous les deux ou quatre ans et la justification des interventions phytosanitaires par la quantification de la pression des ravageurs. Certaines clauses diffèrent d'une région à l'autre. Tyflo et Terra Vitis interdisent la désinfection chimique des sols. Le Languedoc-Roussillon l'autorise, à condition que le court-noué ou le pourridié affectent les parcelles concernées.Quelques domaines ont adopté ces principes. Ils ont accepté qu'un organisme extérieur les contrôle. Ils peuvent ainsi prouver leurs engagements et espèrent en retirer des bénéfices en vendant mieux leurs vins. Ils adhèrent à Tyflo ou à Terra Vitis. Ces deux associations ont été constituées par des vignerons pratiquant la lutte raisonnée depuis plusieurs années. Ils veulent valoriser une démarche au goût du jour, mais contraignante. Terra Vitis est née dans le Beaujolais, mais elle s'étend dans d'autres régions afin que sa marque prenne une dimension nationale. A partir de cette année, des vignerons d'Alsace, du Midi et du Val de Loire devraient s'en prévaloir.En Champagne, l'objectif est différent. 'Il n'est pas question pour nous de mettre en place un système agréant des vignerons d'élite, affirme Arnaud Descotes, des services techniques de l'interprofession. Notre but est d'appliquer la production intégrée sur 30 000 ha car elle deviendra un standard. Dès cette année, nous mettons en place des opérations pilotes sur trois communes entières.' D'ici deux ou trois ans, ces communes devraient appliquer toutes les prescriptions de la charte, dont la rédaction est quasiment achevée.Standard ou norme d'acceptation volontaire? Du côté de la grande distribution, on penche nettement vers la seconde option. 'Depuis quatre ans, nous disons à tous les gens avec lesquels nous travaillons que notre volonté est d'aller vers la production raisonnée, souligne Frank Renoult, le chef de marché des vins de marque de distributeur chez Carrefour. Nous voulons garantir la sécurité et la santé du consommateur.'Cette enseigne a provoqué bien des remous depuis qu'elle a convaincu les vignerons de l'appellation Touraine-Amboise de s'aligner sur ses normes d'agriculture durable en échange d'un rayon dans ses linéaires. De plus, elle n'entend pas en rester là. Elle négocie également avec les caves de Laudun, dans les côtes du Rhône, et de Viré, dans le Mâconnais. Ses concurrents suivront-ils? La grande distribution dictera-t-elle aux vignerons les nouvelles règles de culture de la vigne? Pour Frank Renoult, ce n'est pas dans les intentions de sa société. 'Nous avons fixé notre propre cahier des charges car il n'y avait rien dans la législation.' Il explique que Carrefour adopterait immédiatement un texte d'envergure nationale. Quant à la question de la valorisation des efforts, c'est le consommateur qui tranchera. 'Avant l'affaire de la vache folle, les gens se ruaient sur les premiers prix, explique notre interlocuteur. Le jour où le scandale est arrivé, tout a changé. Aujourd'hui, ils sont prêts à payer plus cher si on leur offre des garanties. Il en sera de même pour le vin.'

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