Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 1999

Sur le marché mondial, la France très concurrencée

La vigne - n°104 - novembre 1999 - page 0

Même s'il a toujours été exporté, le vin est surtout consommé dans les pays où il est produit. Depuis le début du siècle, la France est leader sur le marché mondial mais cette position est attaquée par de nouveaux concurrents.

Selon les statistiques de l'OIV (Office international de la vigne et du vin), le marché mondial représente aujourd'hui 64 millions d'hectolitres (Mhl) de vin, soit une progression de plus de 30% en treize ans. 'Le vigneron ne peut plus se contenter de travailler dans sa région. Tout bon professionnel doit exporter une partie de son vin, se tenir au courant de l'évolution de la viticulture dans le monde et, si possible, y participer', analyse un spécialiste.La mise en place du Marché commun a joué le rôle de catalyseur favorable aux exportations françaises. En moyenne, depuis 1970, l'accroissement des volumes de vins français expédiés s'est élevé à 500 000 hl par an, avec un ralentissement au début des années quatre-vingt-dix. Aujourd'hui, le prix moyen d'une bouteille de vin exportée est de 21 F au départ de la France. Au niveau mondial, la part des échanges internationaux dans la production totale a augmenté et représente de nos jours 20 à 25%.Analysés en volume, les flux des échanges sont centrés sur le continent européen et s'effectuent du sud au nord. En Europe, on assiste de plus en plus à une complémentarité entre les vignobles : l'Italie domine les marchés à faible valeur ajoutée, la France vient en tête de ceux des vins d'appellation, et la péninsule Ibérique se porte sur les vins de liqueur (porto, xérès). Les principaux pays producteurs restent les premiers consommateurs : l'Italie, la France, l'Espagne, l'Argentine et les Etats-Unis représentent plus de la moitié de la consommation mondiale. Les 'gros' buveurs (45 l et plus par an et par habitant) sont les pays traditionnellement viticoles de la Méditerranée occidentale. Les consommateurs moyens sont dans d'autres pays producteurs de moindre tradition viticole, tels le Chili ou l'Australie.'Le vin est un produit à forte connotation culturelle : il est traditionnel de le consommer, il véhicule certaines valeurs. Même dans les pays nouvellement producteurs, sa destination première est la consommation locale', remarque Jean-Daniel Benard, directeur de l'Inao (Institut national des appellations d'origine). Le marché du vin apparaît très segmenté : contrairement à des matières premières agricoles comme le blé ou le café, les vins sont variables d'un pays à un autre suivant le savoir-faire, les cépages, les sols et les climats. Ils ne sont pas interchangeables. C'est ce qui fait leur richesse mais également leur complexité. C'est aussi ce qui explique qu'il n'existe pas de cotations officielles internationales ni de marchés à terme, contrairement aux céréales.Face à cette organisation du marché du vin 'traditionnel', on assiste depuis une dizaine d'années à l'émergence de nouveaux opérateurs. Du côté des jeunes consommateurs (pays d'Asie du Sud-Est, pays nordiques...), le vin est de plus en plus perçu comme un produit de 'dépaysement'. Jean-François Berger, responsable de la cellule vins et spiritueux du CFCE (Centre français du commerce extérieur), explique : 'Le vin est généralement bu en dehors des repas. La consommation s'oriente souvent vers des blancs, édulcorés, à faible degré d'alcool, légèrement gazeux, bus en mélange comme en Asie. Ces modes de consommation sont peu représentatifs des besoins exprimés sur les marchés traditionnels, mais permettent à ces pays de découvrir le vin.'Depuis peu, grâce au paradoxe français, la consommation se développe significativement sur les rouges, plutôt légers et fruités.L'accroissement de la consommation dans ces pays ne vient pas compenser la baisse constatée dans ceux à tradition viticole.Aujourd'hui, une trentaine d'Etats sont concernés par le vin, soit 40% de la population mondiale. Le potentiel de développement est donc important. Deux pays s'inscrivent comme de futurs eldorados : la Chine et l'Inde... qui représentent 30% de la population mondiale. Comme le fait valoir la Fédération des exportateurs de vin, 'même si l'on ne touche qu'une minorité de l'élite (environ 50 millions de personnes pour chacun d'eux), ces potentiels restent considérables'.En amont, de nouveaux exportateurs sont quasiment absents du marché mondial avant 1984. Chili, Argentine, Australie, Afrique du Sud ou autre Nouvelle-Zélande représentent un poids croissant dans les échanges internationaux. Même si leur importance doit être relativisée par rapport aux poids lourds européens, ils constituent des concurrents de plus en plus agressifs, notamment aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, gros importateurs de vin.Autant d'éléments qui laissent augurer un avenir très disputé sur un marché mondial où, globalement, la consommation diminue et où chaque opérateur cherche à développer ses parts de marché sur les rares pays émergents.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :