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Un dynamisme fondé sur l'exportation

La vigne - n°103 - octobre 1999 - page 0

Les exploitations néo-zélandaises misent sur les vins haut de gamme. Les marchés à l'exportation tirent le développement de ce petit vignoble.

Si la Nouvelle-Zélande apparaît comme un petit producteur avec seulement 7 500 ha de vignes en production, elle n'en demeure pas moins comme un pays avec lequel il faut compter. En effet, la présence de vigne n'est pas nouvelle mais on assiste, depuis 1988, à une expansion des plantations en cépages nobles (principalement chardonnay, sauvignon blanc et pinot noir) et à la mise en place d'infrastructures de plus en plus importantes. La surface plantée a connu une augmentation de 23% en deux ans et les perspectives pour 2001 confirment cette expansion. Mark Rattray, viticulteur et responsable d'une winerie de 80 ha, commente ce phénomène : 'Le marché est aujourd'hui très porteur et la Nouvelle-Zélande possède un climat favorable pour les cépages français'.Ce pays est relativement épargné par les maladies telles que le mildiou, l'oïdium ou la pourriture grise. Si le traitement antimildiou reste facultatif sur la majorité de l'Île du Sud et de plus en plus pratiqué sur l'Île du Nord, l'oïdium est lui systématiquement combattu. 'De toute façon, les passages sont en général limités à cinq : trois avant la fleur et deux après, avec une dose de 5 kg de soufre par ha', explique Jean-Luc Dufour, chef de culture dans la région de Canterbury. Il est également remarquable que bon nombre de vignobles soient franc de pied, même si maintenant la profession s'accorde à dire que les risques de phylloxéra sont loin d'être à négliger. La raison de cette prise de risque est tout simplement la difficulté de se procurer le matériel végétal nécessaire au greffage. La Nouvelle-Zélande, tout comme l'Australie, impose des mesures draconiennes quant à l'importation de toute plante venant de l'étranger. D'où des prix variant de 1 F pour un plant non greffé à 13 F pour un pied de vigne greffé. De ce fait, le nombre de clones disponibles, presque toujours en provenance des Etats-Unis, reste limité.Répondant aux obligations créées par l'utilisation de tracteurs à vocation agricole, la majorité du vignoble néo-zélandais est plantée avec de faibles densités, 2 400 pieds par ha en moyenne. L'irrigation est une pratique courante, notamment sur l'Île du Sud où les précipitations au moment de la fleur peuvent être insuffisantes. La conduite de la vigne la plus répandue est le 'Scott Henry Treillis'. Avec ses deux plans de palissage, elle permet de compenser le nombre important de bourgeons par pied par une exposition optimale des raisins, même si, comme le rappelle Jean-Luc Dufour, 'le poste de la main-d'oeuvre devient alors très important'.Sur le plan oenologique, les pratiques des vignerons néo-zélandais sont proches de celles des français. Les oenologues utilisent des cuves thermorégulées pour la fermentation des cépages blancs, le sauvignon et le chardonnay représentant presque la moitié de ce vignoble. L'utilisation des copeaux de chêne reste très marginale. Les cuveries importent des barriques françaises pour l'élaboration du chardonnay. La macération préfermentaire à froid durant trois à cinq jours est la plus courante lors de la vinification du pinot noir, premier cépage rouge produit dans ce pays. Comme pour le chardonnay, l'élevage s'effectue en fûts, le plus souvent bourguignons.Malgré l'absence de réglementation concernant les produits ajoutés, la chaptalisation reste peu pratiquée et l'ajout d'acide (citrique ou tartrique) est raisonnable. La filtration s'effectue souvent sur des membranes de 0,45 µm, car beaucoup de vins sont mis en bouteilles avec des teneurs en sucres résiduels de 4 ou 5 g/l, quel que soit le cépage. Il est assez difficile de se procurer du matériel oenologique du fait de l'éloignement géographique. L'embouteillage à façon est donc très courant dans tout le pays. Les matières sèches proviennent le plus souvent d'Australie.La consommation de vin en Nouvelle-Zélande reste réservée à une clientèle restreinte et privilégiée. En effet, un vin de milieu de gamme se vend aux alentours de 40 F la bouteille, ce qui est onéreux comparé au salaire horaire moyen qui avoisine les 28 F. La majeure partie des vins sont vendus au domaine, ou plus exactement au restaurant que chaque winerie importante possède. Les ventes sont donc surtout tournées vers l'exportation et le cépage est le plus souvent mis en évidence par rapport à la région de production. Le sauvignon blanc (principalement produit dans la région de Malborough) demeure le fer de lance des vins néo-zélandais, même si le chardonnay et le pinot noir sont très demandés.Le principal importateur est de loin le Royaume-Uni, qui achète plus de 50% de la production. Il est suivi par l'Australie et les Etats-Unis avec, pour ses derniers, une préférence pour le haut de gamme. Répondant aux demandes de leurs clients, de nombreux investisseurs américains commencent à investir dans ce nouvel eldorado viticole.

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