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Le vin, un produit traditionnel

La vigne - n°102 - septembre 1999 - page 0

Une enquête menée par l'Onivins révèle que l'élaboration du vin demeure pour les Français encore très traditionnelle. Foulage aux pieds, cuve en bois... les images d'Epinal restent fortement ancrées dans les esprits.

Le 22 juin, une dépêche AFP titrait '200 kg de produits clarifiants à base de sang de bovin saisis en Provence'. Le même jour, l'Onivins présentait à la presse les résultats de son enquête sur la perception des pratiques oenologiques par les Français. Dévoilée avant la réalisation de ce sondage, cette affaire aurait peut-être modifié les conclusions de l'enquête, car le vin jouit encore d'une très bonne image.'Pour les Français, c'est de la terre, du climat et du raisin dont dépend la qualité des vins', précise-t-on chez Ipsos, l'agence chargée de l'étude. Celui qui élabore le vin, le garant du savoir-faire, est aussi pour les personnes interrogées celui qui cultive la vigne. Mais il n'ajoute pratiquement rien au jus de raisin et ne mélange pas les vins. Il est spectateur de l'oeuvre de la nature. Le vin est considéré par tous, sans ambiguïté, comme un produit de la culture et du patrimoine français dont l'élaboration reste traditionnelle.L'affirmation 'le vin est un produit auquel les méthodes modernes ont beaucoup apporté', soumise à la notation des sondés, obtient à peine plus que la moyenne : 5,7/10. Les personnes interrogées évoquent les hottes des vendangeurs, les raisins foulés au pied... 76% des Français pensent même que le vin séjourne systématiquement dans un tonneau ou une cuve en bois! D'ailleurs beaucoup refusent ou accepteraient mal que la vinification s'éloigne des méthodes traditionnelles.L'ajout de sucre, soufre, levures, tanins... ne sont des pratiques admises que par quelques initiés. Pour les autres, elles évoquent la tromperie. Les Français préfèrent, semble-t-il, les occulter pour continuer à rêver.L'Onivins a testé les connaissances des Français sur les modes d'élaboration du vin en leur proposant des affirmations qu'ils devaient qualifier de vraies ou de fausses. 71% des personnes interrogées savent que l'on ajoute du sucre pendant la vinification, mais ils pensent que cela n'arrive que dans des cas particuliers et sur des vins ordinaires.Les autres pratiques obtiennent des scores moins brillants. Seule la moitié des sondés savent que l'on assemble des cépages ou des moûts issus de différentes parcelles. Les assemblages, quels qu'ils soient, paraissent douteux. Même pour l'élaboration des rosés, les personnes questionnées refusent l'idée de mélange : 67% savent qu'il n'émane pas d'un mélange entre vin blanc et vin rouge! 27% pensent que du bois ou des copeaux sont ajoutés au vin pour lui donner un goût boisé. Des entretiens plus approfondis révèlent que ce procédé ne choque pas s'il reste cantonné à des produits à petits prix, sans aucune tentative de tromperies. C'est un point important. Si on explique au consommateur que ce que l'on ajoute au vin n'a pas pour but de le tromper, et si cette opération est réalisée en toute transparence, dans la légalité, il est prêt à l'accepter. Mais il faut savoir dévoiler les pratiques sans faire peur.La plupart des personnes interrogées ne sont pas disposées à accepter grand-chose, hormis que la liste des ingrédients figure sur l'étiquette. Ils refusent à 61% qu'à l'avenir la production du vin devienne entièrement industrielle, à 56% que le vin renferme des aromatisants ou des conservateurs, à 64% que le goût boisé s'obtienne à partir de lamelles de bois ou de copeaux, à 63% que le vin provienne de raisins issus de la recherche génétique et à 54% que l'on fasse des grands vins en mélangeant des vins de différentes provenances!

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