ImprimerDans la plupart des îles grecques et sur le continent, la vigne est déjà domestiquée vers 2500 av. J.-C., comme en témoignent les restes de peaux, de rafles et de pépins retrouvés lors de fouilles archéologiques.
Par son climat, ses expositions variées et la nature de ses sols, le monde grec, berceau de notre civilisation occidentale, était le plus apte à recueillir et à développer une civilisation du vin. C'est de l'Orient palestinien et de l'Egypte que viennent les premières leçons viticoles. Le succès est immédiat, principalement dans les îles aux conditions climatiques plus favorables. Bientôt, le vin grec se vend dans tout le bassin méditerranéen, en Italie et en Espagne, mais également en Gaule, et jusque sur les rivages de l'Atlantique.La province de Thrace, au nord de la Grèce continentale, est la première renommée pour ses vins. Homère, dans L'Odyssée, nous conte que c'est avec du vin de cette province, le maronée, qu'Ulysse enivre le cyclope Polyphème qui voulait le tuer ainsi que ses compagnons. Renommés aussi étaient les vins des provinces de Thessalie, d'Epire, du Péloponèse et de Béotie. Mais ce sont les îles des mers Ionienne et Egée qui font la gloire de la Grèce antique, comme Corfou, Ithaque (le pays d'Ulysse), Thasos, Rhodes et surtout la Crète.A cette époque, on plante large : 1,20 à 1,80 m entre les rangs, 1,20 à 1,35 m entre les pieds, les plantations sont plus serrées en pays rocheux, plus étalées en pays humide où les bandes de terre séparant chaque rang sont cultivées en orge ou en fèves. De 12 à 12 m en tous sens, on plante des figuiers ou des amandiers. Les vignes sont palissées et Homère, dans L'Iliade, signale l'utilisation des échalas. Le travail est effectué à la main, les vignes étant généralement établies en terrasses.On produit surtout des vins rouges. Au moment de la vendange, les raisins sont apportés en ville. C'est là que les fouilles ont permis de découvrir des cuves de foulage, des tables de presse et des pressoirs à contrepoids. Suivant les cépages utilisés et l'art des vignerons, on obtient des productions de masse, comme à Délos (dans les Cyclades), ou des vins de crus, comme dans l'île de Thasos (nord de la mer Egée). A Rhodes, beaucoup de treilles sont consacrées à la production de raisin de table. Dès le Ve siècle avant J.-C., les raisins secs de Rhodes, sans pépins, sont appréciés dans toute la Méditerranée.Certains vins sont réputés rendre les femmes fécondes, comme celui d'Hérée, alors que d'autres, comme le vin de Trézène, provoqueraient des avortements. Des vins noirs, les plus capiteux, on extrait une sorte de tartre utilisé comme condiment en cuisine et en médecine pour stimuler les fonctions digestives.Au sud de la Grèce proprement dite, la Crète devient un grand vignoble exportateur de vins, vers 200 avant J.-C. Les fouilles ont retrouvé seize ateliers de production d'amphores, de 20 à 22 l, permettant d'exporter les vins dans tout le monde romain. On les retrouve en Italie, mais aussi dans le delta du Rhône (Fos), à Lyon, sur le Rhin, sur le Danube, et même en Egypte.Le vin crétois est de bonne qualité; il est obtenu par passerillage des raisins et le sucre est parfois encore concentré par le chauffage des moûts. Aussi obtient-on des vins miellés utilisés en cuisine et dans des préparations curatives, mais surtout des vins qui peuvent facilement voyager par la mer. Les blancs, trop légers, sont consommés sur place.Après une longue éclipse, allant de la chute de l'Empire romain au XIIIe siècle, la Crète passe sous l'autorité de la république de Venise qui redonne à ses vins la renommée qu'ils avaient dans l'Antiquité. C'est l'époque où en Europe occidentale, les vins doux sont appréciés par l'aristocratie; le fameux malvoisie, un vin cuit, est alors connu de toute l'Europe et prisé sur les grandes tables. En Italie, on le boit en ajoutant toujours du vin nouveau au tonneau de vin vieux, ce qui a pour effet une concentration encore plus grande des sucres.