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Un système bien rodé mais les risques existent

La vigne - n°99 - mai 1999 - page 0

Pour l'international, le transport est surtout géré par les importateurs. Des sociétés spécialisées dans la logistique leur offrent des prestations sur mesure et maîtrisent plutôt bien la chaîne de qualité. Mais le producteur doit toujours garder un oeil sur l'acheminement de son produit.

Les Français ne vendent pas leurs vins, on leur achète, dit en plaisantant un grossiste hollandais. Ils produisent et c'est fini. Aux clients de se débrouiller. ' C'est le départ chai qui veut cela. Quand le vin part pour une destination lointaine, c'est le client qui affrète, même si j'ai le souci de suivre mon vin ', dit un producteur charentais. Coups de chaud ou de froid, casse, étiquettes tachées, vins dénaturés : ' Il y aura toujours des mauvais acheteurs pour vous dire que votre vin est mauvais et des mauvais transporteurs qui laisseront votre vin en plein soleil, rétorque une productrice d'Aquitaine. Il y a les importateurs sérieux et ceux qui font des 'coups'. Plus on convoie loin, plus c'est risqué. Nous avons aussi des acheteurs qui changent de transporteur tout le temps. Ils doivent gagner de l'argent sur le transport... '' Nos clients sont à même de juger de la qualité du service de leur transporteur ', pensent la plupart des producteurs. ' Nous avons des clients suisses fidèles au même transporteur depuis cent ans. Avec eux, les problèmes sont rares ', ajoute une propriétaire. Parfois, certains importateurs se laissent tenter par une prestation à moindre prix, donc souvent de moindre qualité. Mais quand nous parvenons à notre maîtrise de vigneron, que nous avons des exigences évidentes au niveau du vin, nous en avons aussi pour le transport. 'A peine 10 % du marché sont maîtrisés par les exportateurs, essentiellement des fournisseurs de vins génériques et des grandes maisons, qui ont une vraie politique de marketing tout le long de la chaîne. Le reste, 90 % du fret, est pris en charge par des réseaux de ramassage et de transporteurs routiers bien organisés.Hollandais, Belges, Allemands, Suisses et Britanniques arrivent en France avec leurs camions, un plan de chargement sur deux ou trois jours, et remontent avec le vin : parfois trente palettes pour trente destinations différentes. En Belgique et en Allemagne, des sociétés ne transportent que du vin. Pour les pays plus lointains, l'organisation se structure autour de groupes internationaux puissants et de logisticiens spécialisés (Hillebrand, Clasquin, Jules Roy, Danzas, SCAC Air Services...), implantés dans les zones de production et d'achat de vins à travers la planète. Ces commissionnaires de transports terrestre, maritime et aérien, agréés en douanes, proposent à l'importateur de vins des services de logistique globale transcontinentale. Avec des garanties maximales pour le vin : entrepôts spécialisés sous température contrôlée avec gardiennage, chaîne de qualité garantie d'un bout à l'autre, parfaite traçabilité. Après, tout est une question de prix et de choix. Le transport climatisé est souhaitable pour des pays froids ou chauds, comme le Canada et les pays tropicaux. ' En Europe, la personne qui remplit un camion, chargeant 20 à 30 palettes, le conduit d'un point A à un point B sans s'arrêter et livre le lendemain, n'a pas besoin de camion climatisé, dit un transporteur. Ou alors c'est un choix de marketing. En revanche, il faut prendre des précautions dans les pays froids. En Russie, par exemple, il est arrivé que des bouchons soient expulsés. Les vins avaient gelé et étaient imbuvables. '' Mais qui voudra payer 20 à 50 % supplémentaires pour un transport sous température contrôlée? ' demande Danièle Jeanin, responsable de production à Univitis (Gironde). C'est une question de risque par rapport au coût de la marchandise transportée. Si c'est un vin à 8 F, c'est ridicule. ' Le conteneur le plus parfait qui reste longtemps sur un quai avec la climatisation arrêtée devient inefficace ', ajoute Roland Feredj, de l'interprofession bordelaise. Chaque fois qu'il y a rupture de la chaîne du transport, il y a un risque. Il convient de relier chacun des maillons, donc de sensibiliser les différents opérateurs et de leur dire : ' Voilà le risque que vous courez à faire transporter un vin dans ces conditions '. Ainsi, la charte du CIVB ' pour une amélioration des conditions de transport des vins de Bordeaux en bouteilles ' a été distribuée à Vinexpo VS à Hong-Kong l'an dernier et dans les zones d'expansion économique dans monde. Elle fera l'objet d'une nouvelle diffusion, au mois de juin à Vinexpo, en France.

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