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Les bourses régionales

La vigne - n°98 - avril 1999 - page 0

Sur le front des transferts, la bataille s'est déplacée sur le terrain politique avec la création des bourses régionales. Mais le marché demeure libre, elles ne sont qu'une option. Par ailleurs, les courtiers spécialisés continuent à travailler.

Qui dit plantation dit croissance, qui dit croissance dit concurrence potentielle entre les vignobles. En 1997, le chiffon brûle : le grand sud de la France, là où se trouvent de nombreux droits, ne veut plus servir de vivier pour les vignobles d'appellation du nord, où les gisements sont pratiquement épuisés : c'est Bordeaux, Bourgogne, Alsace... et bientôt la Champagne où un grand programme de plantation est annoncé. Le problème se déplace sur un terrain politique : nord contre sud, vins de pays contre vins d'appellation, une ligne de fracture classique dans l'Hexagone. On parle même de moralisation et d'éthique du marché.Une réponse est trouvée : des bourses régionales couvrant tout le pays, qui agissent chacune sur son territoire. Au départ, il est prévu que les soldes de droits iraient vers une chambre de compensation nationale qui alimenterait les régions déficitaires. Un projet de décret est prêt depuis l'été 1998... mais le Conseil de la concurrence, sollicité, vient de rendre son avis : négatif! Les transferts étant un bien marchand, ne sommes-nous pas dans un pays de liberté du commerce? Il est donc peu probable que ce texte voit le jour et, avec lui, un cloisonnement régional du marché pour les AOC (alors que le marché est déjà régionalisé pour les vins de table!). Du coup, les ambitions des bourses sont revues à la baisse et le dossier de la bourse nationale piétine.Nous avons aujourd'hui douze bourses conventionnées par l'Onivins (voir infographie). Leur premier bilan d'activité, réalisé en novembre dernier, fait état de 1 515 ha mobilisés (mandats obtenus) pour 484 ha de transferts effectués. Sans surprise, ce sont les bourses Aquitaine, Méditerranée et Midi-Pyrénées qui affichent le solde le plus excédentaire. Pour mener à bien leurs plantations et en l'absence de bourse nationale, les bourses Val-de-Loire et Midi-Pyrénées ont rétrocédé des droits à l'Alsace et à la Bourgogne. Certains responsables du Languedoc ont clairement affiché ne pas souhaiter voir des droits partir de chez eux... ' De là à penser que certains préfèrent voir des droits se périmer plutôt que de les céder, il n'y a qu'un pas ', estime un professionnel.Les bourses Méditerranée et pays d'Oc tentent de mobiliser les droits par voie de publicité dans la presse et d'affichage, notamment dans les coopératives; celle d'Alsace travaille avec un courtier installé en Val-de-Loire; celle de Midi-Pyrénées avec un courtier toulousain; celle de Charentes est à peine installée et ne travaillera que les vins de pays. C'est la bourse de Bordeaux, devenu aujourd'hui bourse d'Aquitaine, qui a le plus d'expérience, elle est en place depuis 1989. Elle emploie deux prospecteurs. Comme pour les courtiers, la technique consiste à éplucher les déclarations de récolte dans les mairies pour y repérer ceux qui ont cessé de déclarer et qui sont donc susceptibles d'avoir arraché (sans déclaration), de laisser des vignes en friche... En l'absence de bilan officiel, un tour d'horizon des bourses existantes a permis de constater qu'il y a des droits disponibles quasiment partout. On devrait en avoir bien besoin pour la campagne prochaine (1999-2000), année de transition avant l'entrée en application de la nouvelle OCM. Certaines bourses devront alors passer la vitesse supérieure (personnel, moyens...) mais le feront-elles pour une seule campagne?Quel avenir pour leur activité? C'est la question que se posent les courtiers spécialisés en droits de plantation. Ils sont une poignée dont l'intervention est réellement significative. Bernard Léporati, installé en Haute-Garonne et dans le Gers, en fait parti. ' Au début, je pensais que cette activité allait m'occuper deux à trois ans... cela fait dix ans que ça dure! ' Il emploie cinq personnes. ' Avec les bourses régionales et les droits nouveaux, à court terme, c'est peut-être la fin de sociétés privées comme la nôtre. Pour les transferts, contrairement à ce qu'il se dit, il n'y a pas pénurie de droits : ils existent. Il suffit d'aller les chercher mais c'est tout un métier. 'Même son de cloche chez Joseph Malinge, à Doué-la-Fontaine (Maine-et-Loire), qui a trente ans d'expérience : ' Ceux qui sont peu au courant pensent que le passage par leur bourse régionale est obligatoire. Il y a confusion et ce n'est par toujours au bénéfice du prix payé au vendeur. Pour certains vignobles, pouvoir planter une terre nue confère une telle valeur au bien que le coût d'un transfert pourrait être bien plus élevé. Dans des régions difficiles, on arrête la vigne : il y a des droits et il y en aura de plus en plus '. D'après les Douanes, s'appuyant sur le CVI, il y a 35 000 ha environ (entre un et huit ans) dans les portefeuilles des producteurs français.

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