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Choix de société

La vigne - n°97 - mars 1999 - page 0

Plus de 600 000 visiteurs se sont rendus au Salon international de l'agriculture, qui s'est tenu comme à l'accoutumée à Paris au début de ce mois. Lors de sa traditionnelle visite, Jacques Chirac a expliqué à quelques agriculteurs que sa fille avait choisi de nourrir son enfant, l'unique petit-fils du président de la République, de produits biologiques. Un choix comme un autre.Dans notre univers du vin, un produit contenant de l'alcool et donc potentiellement dangereux, le consommateur se trouve souvent confronté à des choix personnels derrière lesquels, en filigrane, nous trouvons toujours des choix de société. Depuis quelques mois, la pression monte. C'est d'abord en juin dernier, la publication du rapport Roques qui assimile les boissons alcoolisées aux drogues dures en termes de dépendance et de toxicité. C'est aujourd'hui un décret en préparation qui reprendrait cette ' assimilation ' dans le cadre des compétences d'une future mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie. C'est d'autre part, le retour sur le devant de la scène d'un serpent de mer : la taxation du vin au degré, qui permettrait par un système facile et légitimé de faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat; c'est aussi, comme aux Etats-Unis, la possible apposition sur la bouteille d'une contre-étiquette de précaution...Il ne s'agit pas là d'un complot contre le vin, comme certains discours le laisseraient croire. Ces faits sont le reflet d'une évolution vers une société sécuritaire et recroquevillée, avec une question de fond : est-ce à l'Etat, ' réglementeur en chef ', de faire le bonheur des citoyens, y compris malgré eux, ou à chacun de s'assumer en étant conscient des risques pris? La dérive vers la première alternative est patente. Une filière comme la nôtre ne peut qu'être perdante. Chacun doit demeurer libre de boire un verre de vin si cela lui fait plaisir, sans penser qu'il est un délinquant, ni que son fournisseur est un dealer. Le tout avec mesure et en sanctionnant les excès. Derrière ces choix personnels, c'est un choix de société, comme la liberté de choisir la nourriture d'un enfant.

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