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Peut-on aller plus loin dans l'association vin et culture?

La vigne - n°91 - septembre 1998 - page 0

Depuis seize ans, l'Interprofession des vins des côtes du Rhône et de la vallée du Rhône est partenaire du festival de théâtre d'Avignon, l'un des grands rendez-vous culturels français du mois de juillet. Avant, nous étions un mécène de la manifestation : en échange de quelques fonds, des metteurs en marché vendaient la cuvée du festival. Cette année, nous sommes vraiment des acteurs lors du festival off ' (ainsi est nommée le festival comprenant quelque 450 pièces et qui se déroule en parallèle du festival ' in ', celui dont les pièces seront jouées dans les grands théâtres). Nous avons proposé trois opérations pour les visiteurs. D'abord, la dégustation des cuvées de prestige : pour 120 F, de 19 à 20 h, avant le spectacle du soir, un oenologue commente une dégustation de grands vins de la région. Cela a bien fonctionné. Ensuite, la dégustation de côtes-du-rhône villages, de 10 h 30 à 12 h, du 10 au 30 juillet, pour la somme de 30 F. Là, c'est surtout le bouche à oreille qui a en a fait le succès à partir du milieu du festival. Enfin, les circuits touristiques dans les vignobles en minibus. Là, le résultat fut moyen. Peut-être que les gens qui viennent en ville n'ont pas envie de se déplacer. En fait, notre relation avec le festival est double. D'un côté, c'est une bonne chose d'être associé à un événement si prestigieux, qui a cinquante ans d'existence et draine 300 000 visiteurs. Cela nous permet aussi de positionner Avignon comme capitale des côtes du Rhône. Mais par ailleurs, être ' sponsor ' d'une telle manifestation, ce n'est pas facile : l'image du festival peut écraser celle du vin. En affinant notre approche, on va intensifier notre partenariat. Tout cela montre que le vin est aussi un phénomène culturel. Les associations marcheront encore plus quand les visiteurs décloisonneront leurs plaisirs. '' A Gaillac (Tarn), du 10 juillet au 31 août, nous avons mené pour la première fois l'opération ' Balades en Gaillacois, tarifs privilèges '. C'est notre Fédération qui en est à l'origine, notamment les membres de ' Tourisme et vin ', une association interne comprenant vingt-cinq vignerons et créée il y a dix-huit mois. Le but de l'opération est d'attirer les gens dans nos caveaux en associant le vin à la culture locale. Le principe est simple : si le visiteur achète au moins un carton de six bouteilles (panachage possible), il se voit remettre un laissez-passer ' tarifs privilèges ' lui donnant droit à de nombreuses réductions dans des sites touristiques et des musées de la région (Gaillac, Cordes, Albi, Graulhet...), durant toute l'opération. Une quinzaine de sites au total sont concernés. Des stages de dégustation sont aussi à gagner. C'est une opération de partenariat avec les offices de tourisme et six municipalités que nous avons démarchées. L'accueil fut très bon et elles nous ont cédé des gratuités. Il ne faut plus attendre que le client vienne. Nous devons maintenant aller le chercher et lui faire des propositions. La culture est un axe privilégié. Nous avons distribué 20 000 dépliants dans des lieux de passage. Nous n'avons pas encore effectué le bilan définitif mais les échos sont bons. Ce genre d'opération ne peut réussir que si la base est vraiment motivée. Peut-être qu'ultérieurement, cette opération sera élargie à tout le vignoble. Pour cet hiver, le groupe ' Tourisme et vin ' a d'autres projets. '' Le spectacle de la bataille de Castillon a lieu depuis vingt ans (1). Notre syndicat viticole en est l'un des partenaires. Contre une somme d'argent, nous présentons nos vins dans un stand sur place, lors des dix représentations annuelles (en juillet-août) et faisons venir des invités. Cette année, ce fut le tour de courtiers et de négociants de la région : le résultat a été positif car nombre d'entre eux n'avaient pas une vision exacte de la qualité de nos vins. Nous proposons aussi, en associant donc le vin à la culture historique de la région, des journées clefs en main : les jours de spectacle, les visiteurs viennent en début d'après-midi et découvrent le terroir des côtes de Castillon, participent à une dégustation, visitent une propriété et dînent le soir sur place... avec nos vins. Pendant l'entracte, il y a un tirage au sort pour gagner son poids en vin. Et n'oublions pas que dans le spectacle, il est souvent question de vin. De nombreux vignerons font partie des cinq cents bénévoles qui assurent le spectacle. Ici, la région vit avec la bataille et la bataille vit avec la région. Le spectacle draine 20 000 spectateurs par an. Il faut travailler cette clientèle. On estime que l'on pourrait faire mieux. C'est pourquoi cette année, nous prenons pour la première fois un stand dans un salon spécialisé pour les auto-caristes, à Paris en octobre. Le but est de mieux vendre ' notre ' bataille et drainer davantage de monde. Nous voulons cependant rester au niveau du bénévolat. Il colle bien à l'image de nos vins : sympathiques et abordables, dans un cadre familial. La bataille est pour nous une occasion unique de les faire connaître, en jouant sur l'accueil et la dimension humaine. '(1) A Castillon-la-Bataille, ville de l'est de la Gironde qui compte aujourd'hui 3 000 ha, a eu lieu en 1453 une très grande bataille remportée par le roi Charles VII. Elle mis fin à la guerre de cent ans. Elle fait aujourd'hui l'objet d'une reconstitution nocturne à grand spectacle avec 50 chevaux, jeux de lumière... Le tout, bien sûr, en plein air sur une scène de 7 ha. Un très bon moment.

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