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Clarté

La vigne - n°89 - juin 1998 - page 0

Si le château Giscours craignait d'être méconnu, ce n'est plus le cas maintenant! Ce cru classé de Margaux (Gironde) a fait la une de l'actualité les premiers jours de juin. Entre les balles jaunes de Roland-Garros et la préparation de la Coupe du monde de football, toute la France a été informée : on fraude dans le monde du vin, même chez les plus grands! La filière accuse le coup. On pense à l'effet négatif pour l'image et peut-être demain sur les marchés, tout en sachant que dans cette affaire, la santé du consommateur n'est heureusement pas menacée. Les faits sont dignes de la série ' Dallas '. A Giscours, deux techniciens ont été mis en examen : on leur reproche l'utilisation de substances interdites et le mélange de vins d'appellations différentes. Les faits, qui remontent au millésime 1995, sont sortis maintenant dans la presse, sans doute à la suite de dénonciations. Il faut dire que cette propriété est tiraillée par des conflits familiaux et que la sérénité n'est pas de mise depuis son acquisition par un homme d'affaires hollandais. Ce dernier, à son tour, dénonce un maître-chanteur... et porte plainte. Dans le fond, une seule question est importante : est-ce un cas isolé ou un signe avant-coureur d'un ' dérapage ' plus général dans le vignoble? En effet, que penser quand l'ancien directeur déclare, sereinement, que mettre du haut-médoc dans du margaux est, certes, interdit mais ' c'était pour améliorer la qualité du second vin '? Ou quand un professeur d'oenologie avoue ' que l'utilisation de douelles est courante, bien qu'interdite '? A quoi servent les lois? La répression des fraudes fait-elle son travail? Cherche-t-on à étouffer des affaires? La réglementation française, plus rigide que celle de nombre de ses concurrents, craque-t-elle sous la pression des coûts? Que la Justice fasse son travail, que les fraudeurs paient et l'onde de choc redoutée par toute une profession n'aura pas lieu. La politique de la clarté est la seule légitime. Tous les indicateurs économiques de notre filière sont au vert. Il serait impensable qu'une telle affaire jette l'opprobre sur tous ceux qui travaillent avec conscience.

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