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La filière du liège

La vigne - n°80 - septembre 1997 - page 0

De la forêt à la bouteille, le parcours du liège est long et semé d'embûches. Une bonne connaissance de la filière et des étapes de fabrication devrait permettre aux acheteurs de mieux raisonner leur choix concernant les bouchons mais aussi - surtout? - les bouchonniers.

De la forêt à la bouteille, le parcours du liège est long et semé d'embûches. Une bonne connaissance de la filière et des étapes de fabrication devrait permettre aux acheteurs de mieux raisonner leur choix concernant les bouchons mais aussi - surtout? - les bouchonniers.

Le chêne-liège pousse doucement et ce n'est qu'à partir de quarante-cinq ans environ qu'il donnera un liège apte à produire des bouchons. Au Portugal, de gros efforts de gestion des forêts sont faits pour préserver cette importante source de revenus. Il n'est donc pas possible d'abattre des arbres sans de bonnes raisons économiques ou sanitaires. Le premier écorçage a lieu à vingt-cinq ans environ, l'arbre devant avoir atteint certaines dimensions. La deuxième levée se déroule neuf ans plus tard et le liège des deux premières récoltes est utilisé pour le bâtiment. Le délai de neuf ans est obligatoire. Il se contrôle aisément en comptant les cernes mais aussi grâce au marquage de l'année de levée sur les arbres (six pour 1996 par exemple).Le premier souci du bouchonnier est d'assurer son approvisionnement. Les plus gros disposent d'ailleurs d'un véritable historique informatisé sur les différentes forêts, les propriétaires (souvent privés), les sols, les données climatiques, de manière à bien prévoir leurs achats. Les affaires se traitent au cas par cas avec chaque propriétaire. Ceux qui achètent leur liège en forêt ont donc des équipes qui prospectent toute l'année au Portugal mais aussi parfois dans les pays voisins. La plupart des achats se font en période de récolte, puis sur pile. Au Portugal, on estime que chaque année, 6 à 10 % du liège ne sont pas récoltés. Contrairement à ce que l'on entend parfois, il n'y a donc pas de pénurie de liège et les hausses de prix enregistrées dans les transactions en 1996 et 1997 sont liées à des spéculations. Le démasclage a lieu entre les mois de mai et de septembre lorsque l'activité végétative est grande et les mouvements de sève importants. Le liège se détache alors facilement de l'arbre. On évite ainsi de le blesser, ce qui pourrait compromettre le cycle suivant.A partir de ce stade, il n'existe plus de lois autres que les directives concernant les matériaux entrant en contact avec les denrées alimentaires. On entre dans un processus industriel et chaque bouchonnier se fixe ses propres règles. Certains aimeraient d'ailleurs que le code international des pratiques bouchonnières, réalisé en 1996 par la Confédération européenne du liège, devienne une base d'accréditation des entreprises. ' Cela permettrait déjà de faire un premier tri chez les bouchonniers et d'éliminer les brebis galeuses. ' Le liège levé passe en général six mois en forêt au cours desquels les tanins s'oxydent et la mie (partie en contact avec le tronc) sèche. Des travaux sont actuellement en cours pour évaluer l'intérêt d'un séchage industriel qui permettrait de réduire le temps de stockage. La matière brute est ensuite amenée à l'usine au fur et à mesure des besoins. La phase de préparation commence avec le bouillage. Le liège trempe pendant environ 1 h 30 dans de l'eau bouillante. Ceci permet de tuer les insectes et les micro-organismes, d'extraire des tanins, d'augmenter l'élasticité pour faciliter le travail à venir, d'augmenter l'épaisseur... Après une à deux semaines de repos, certains réalisent un second bouillage pour améliorer encore la désinfection. Les planches sont triées selon leur épaisseur et leur qualité, soit entre les deux bouillages soit après bouillage. Il est souvent nécessaire de découper la planche en plusieurs morceaux suivant le calibre ou la qualité. Vient alors la fabrication : le liège est découpé en bandes puis tubé. Les machines automatiques présentent l'avantage de la cadence élevée mais le résultat est moins qualitatif qu'avec les machines manuelles ou semi-automatiques. L'homme, par exemple, sait tuber plus près de la mie où le liège est plus dense. Les déchets sont utilisés pour fabriquer des granulés. Les bouchons passent par un finissage mécanique : les bouts sont coupés aux dimensions requises, le corps poncé. La poussière est souvent récupérée pour le colmatage. Un premier tri automatique a lieu en fonction du nombre de lenticelles comptées par la machine sur le corps du bouchon. Viennent ensuite la désinfection et le lavage. L'utilisation du péroxyde est maintenant très répandue mais certains continuent d'employer le chlore. Les doses utilisées et la durée des cycles dépendent entre autres de la décoloration souhaitée par le client. Certains pays demandent en effet des bouchons très blancs. Des essais sont en cours sur des lavages enzymatiques et à l'ozone. Les bouchons sont ensuite séchés en une ou deux fois pour arriver à 6-9 % d'humidité puis triés à nouveau. Les étapes suivantes (marquage, revêtement de surface et conditionnement par 1 000) sont réalisées sur place, dans les succursales ou chez des partenaires installés dans les pays clients. L'objectif des meilleurs bouchonniers est de verticaliser la filière en contrôlant toutes les étapes, de la forêt à leur client final, et donc en éliminant les intermédiaires. Ceci suppose d'être capable d'assurer le suivi de clientèle dans les principaux pays acheteurs. Une organisation lourde, réservée on s'en doute aux très grosses structures. Les autres essaient de s'associer avec des bouchonniers sur place. De plus en plus de bouchonniers revendiquent une certification Iso 9002. Pour certains, il s'agit d'une certification sur toute la fabrication avec les contraintes de traçabilité que cela suppose. D'autres, en revanche, certifient leur bureau, la distribution ou le marquage, ce qui n'a évidemment pas le même intérêt. Il faut en effet souligner que le terme ' bouchonnier ' englobe tout, depuis le fabricant jusqu'au négociant qui se contente d'acheter pour revendre en ne maîtrisant rien des étapes précédentes. ' Il faut que les acheteurs réalisent que les efforts de verticalisation et de traçabilité leur apportent une garantie supplémentaire mais qu'ils ont évidemment un coût, explique un fabricant. D'autre part, il serait intéressant que les vignerons nous considèrent davantage comme des partenaires que comme de simples fournisseurs. En connaissant mieux le type de vin, le matériel d'embouteillage, le circuit de commercialisation, nous pouvons les aider plus efficacement dans leur choix et, pourquoi pas, mettre au point un cahier des charges. '

Le chêne-liège pousse doucement et ce n'est qu'à partir de quarante-cinq ans environ qu'il donnera un liège apte à produire des bouchons. Au Portugal, de gros efforts de gestion des forêts sont faits pour préserver cette importante source de revenus. Il n'est donc pas possible d'abattre des arbres sans de bonnes raisons économiques ou sanitaires. Le premier écorçage a lieu à vingt-cinq ans environ, l'arbre devant avoir atteint certaines dimensions. La deuxième levée se déroule neuf ans plus tard et le liège des deux premières récoltes est utilisé pour le bâtiment. Le délai de neuf ans est obligatoire. Il se contrôle aisément en comptant les cernes mais aussi grâce au marquage de l'année de levée sur les arbres (six pour 1996 par exemple).Le premier souci du bouchonnier est d'assurer son approvisionnement. Les plus gros disposent d'ailleurs d'un véritable historique informatisé sur les différentes forêts, les propriétaires (souvent privés), les sols, les données climatiques, de manière à bien prévoir leurs achats. Les affaires se traitent au cas par cas avec chaque propriétaire. Ceux qui achètent leur liège en forêt ont donc des équipes qui prospectent toute l'année au Portugal mais aussi parfois dans les pays voisins. La plupart des achats se font en période de récolte, puis sur pile. Au Portugal, on estime que chaque année, 6 à 10 % du liège ne sont pas récoltés. Contrairement à ce que l'on entend parfois, il n'y a donc pas de pénurie de liège et les hausses de prix enregistrées dans les transactions en 1996 et 1997 sont liées à des spéculations. Le démasclage a lieu entre les mois de mai et de septembre lorsque l'activité végétative est grande et les mouvements de sève importants. Le liège se détache alors facilement de l'arbre. On évite ainsi de le blesser, ce qui pourrait compromettre le cycle suivant.A partir de ce stade, il n'existe plus de lois autres que les directives concernant les matériaux entrant en contact avec les denrées alimentaires. On entre dans un processus industriel et chaque bouchonnier se fixe ses propres règles. Certains aimeraient d'ailleurs que le code international des pratiques bouchonnières, réalisé en 1996 par la Confédération européenne du liège, devienne une base d'accréditation des entreprises. ' Cela permettrait déjà de faire un premier tri chez les bouchonniers et d'éliminer les brebis galeuses. ' Le liège levé passe en général six mois en forêt au cours desquels les tanins s'oxydent et la mie (partie en contact avec le tronc) sèche. Des travaux sont actuellement en cours pour évaluer l'intérêt d'un séchage industriel qui permettrait de réduire le temps de stockage. La matière brute est ensuite amenée à l'usine au fur et à mesure des besoins. La phase de préparation commence avec le bouillage. Le liège trempe pendant environ 1 h 30 dans de l'eau bouillante. Ceci permet de tuer les insectes et les micro-organismes, d'extraire des tanins, d'augmenter l'élasticité pour faciliter le travail à venir, d'augmenter l'épaisseur... Après une à deux semaines de repos, certains réalisent un second bouillage pour améliorer encore la désinfection. Les planches sont triées selon leur épaisseur et leur qualité, soit entre les deux bouillages soit après bouillage. Il est souvent nécessaire de découper la planche en plusieurs morceaux suivant le calibre ou la qualité. Vient alors la fabrication : le liège est découpé en bandes puis tubé. Les machines automatiques présentent l'avantage de la cadence élevée mais le résultat est moins qualitatif qu'avec les machines manuelles ou semi-automatiques. L'homme, par exemple, sait tuber plus près de la mie où le liège est plus dense. Les déchets sont utilisés pour fabriquer des granulés. Les bouchons passent par un finissage mécanique : les bouts sont coupés aux dimensions requises, le corps poncé. La poussière est souvent récupérée pour le colmatage. Un premier tri automatique a lieu en fonction du nombre de lenticelles comptées par la machine sur le corps du bouchon. Viennent ensuite la désinfection et le lavage. L'utilisation du péroxyde est maintenant très répandue mais certains continuent d'employer le chlore. Les doses utilisées et la durée des cycles dépendent entre autres de la décoloration souhaitée par le client. Certains pays demandent en effet des bouchons très blancs. Des essais sont en cours sur des lavages enzymatiques et à l'ozone. Les bouchons sont ensuite séchés en une ou deux fois pour arriver à 6-9 % d'humidité puis triés à nouveau. Les étapes suivantes (marquage, revêtement de surface et conditionnement par 1 000) sont réalisées sur place, dans les succursales ou chez des partenaires installés dans les pays clients. L'objectif des meilleurs bouchonniers est de verticaliser la filière en contrôlant toutes les étapes, de la forêt à leur client final, et donc en éliminant les intermédiaires. Ceci suppose d'être capable d'assurer le suivi de clientèle dans les principaux pays acheteurs. Une organisation lourde, réservée on s'en doute aux très grosses structures. Les autres essaient de s'associer avec des bouchonniers sur place. De plus en plus de bouchonniers revendiquent une certification Iso 9002. Pour certains, il s'agit d'une certification sur toute la fabrication avec les contraintes de traçabilité que cela suppose. D'autres, en revanche, certifient leur bureau, la distribution ou le marquage, ce qui n'a évidemment pas le même intérêt. Il faut en effet souligner que le terme ' bouchonnier ' englobe tout, depuis le fabricant jusqu'au négociant qui se contente d'acheter pour revendre en ne maîtrisant rien des étapes précédentes. ' Il faut que les acheteurs réalisent que les efforts de verticalisation et de traçabilité leur apportent une garantie supplémentaire mais qu'ils ont évidemment un coût, explique un fabricant. D'autre part, il serait intéressant que les vignerons nous considèrent davantage comme des partenaires que comme de simples fournisseurs. En connaissant mieux le type de vin, le matériel d'embouteillage, le circuit de commercialisation, nous pouvons les aider plus efficacement dans leur choix et, pourquoi pas, mettre au point un cahier des charges. '

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