Retour

imprimer l'article Imprimer

archiveXML - 2012

Goûts moisis-terreux Réduisez les attaques de pourriture

La vigne - n°6 - mars 2012 - page 40

La lutte contre les goûts moisis-terreux (GMT) passe d’abord par la réduction de la vigueur, l’aération des grappes et la préservation de l’intégrité des baies. L’application d’antibotrytis permet aussi de s’en prémunir.

Comment éviter leur apparition au vignoble ?

}Les goûts moisis-terreux sont générés par plusieurs molécules aromatiques, en particulier la géosmine, produites par des champignons du genre Penicillium. « Les GMT sont liés à des moisissures, explique Laurence Guérin, de l’IFV Val de Loire. Une partie d’entre elles peut attaquer les pellicules de baies de raisin. Botrytis cinerea est un facteur favorisant. Une fois la pellicule de la baie attaquée, les champignons peuvent pénétrer dans les tissus. »

Toutes les mesures prophylactiques visant à réduire les attaques de pourriture sont donc bénéfiques : enherbement et gestion raisonnée des fumures pour freiner la vigueur, mode de taille et de conduite favorisant l’aération des grappes (ébourgeonnage, effeuillage, éclaircissage). Sur le chenin, la chambre d’agriculture d’Indre-et-Loire a montré que l’application de Berelex (un produit à base d’acide gibberellique commercialisé par Philagro) au moment où l’inflorescence mesure 5 cm permet d’allonger la rafle et de mieux ventiler les baies. C’est encore un moyen de limiter le botrytis. « La grêle et les vers de la grappe peuvent aussi offrir une porte d’entrée aux champignons », ajoute Laurence Guérin. La préservation de l’intégrité des baies passe donc par la maîtrise des tordeuses mais aussi de l’oïdium.
Selon elle, la période entre la véraison et la maturité est particulièrement critique. Il faut se montrer très vigilant à ce moment-là. « L’observation des grappes est essentielle : la situation peut basculer quinze jours avant la récolte », prévient Laurence Guérin.

Les antibotrytis sont-ils efficaces ?

}Aucun n’est homologué contre le Penicilium. Toutefois, le fait de « combiner les mesures prophylactiques avec la lutte chimique pour limiter les attaques de botrytis apporte un gain significatif, indique Laurence Guérin, de l’IFV. Dans les situations à risques GMT, les stratégies à deux traitements sont à privilégier au stade A (chute des capuchons floraux) puis B (fermeture de la grappe) ou au stade A et B + 10 jours, ou bien encore au stade A et C (début véraison), selon les régions. Dans nos essais, la stratégie à trois traitements n’a pas apporté un gain significatif en terme d’efficacité au regard du coût et du temps passé. »

Laurent Pillon, de Ceragro, dans le Beaujolais, préconise lui aussi deux traitements, « en général aux stades A et B + 15 jours. Un seul traitement ne suffit pas et, même avec deux traitements, il est possible de dépasser le seuil de détection de la géosmine à la dégustation ». Pour Jean-Pierre Dupinet, responsable national filières cultures spécialisées chez Syngenta, « au moins deux traitements doivent être réalisés. La stratégie à trois traitements est optimale ». Quels produits privilégier ? « Le cyprodynil, le fluazinam et le fludioxonil ont un effet direct sur Penicilium », précise Jean-Pierre Dupinet. Quant à Laurent Pillon, de Ceragro, il conseille « pour le premier traitement de choisir le haut de gamme, du fludioxonil ou du fenhexamid, puis du fluazinam ».

Que faire en cas de GMT à la vendange ?

}L’IFV recommande une récolte manuelle suivie d’un tri méticuleux. « Deux grappes sur cent suffisent pour provoquer une déviation perceptible à la dégustation », insiste Laurence Guérin. Le vinificateur doit déguster les cuvées avant sulfitage et les isoler en cas de doute. Sur gamay, pour limiter la diffusion de la géosmine, l’IFV conseille la macération préfermentaire à chaud pendant douze heures à 65°C suivie d’un pressurage direct et d’une fermentation en phase liquide. Pour les vins blancs, il faut éviter la macération pelliculaire et soigner le débourbage. En curatif, il est possible d’utiliser des levures aromatiques sur sauvignon ou des copeaux sur chenin pour masquer une géosmine peu présente. Sur vins rouges, les charbons œnologiques ont montré d’importantes variations en termes d’efficacité lors des essais de l’IFV.

Cet article fait partie du dossier

Consultez les autres articles du dossier :

L'essentiel de l'offre

Voir aussi :