Publié le lundi 30 septembre 2013 - 16h20
En cinq ans, les conversions à la viticulture biologique ont triplé dans les vignobles français, portant le marché de la pénurie à l’abondance. Au point d’inquiéter les producteurs qui redoutent une baisse des cours, alors que les coûts de production, eux, restent élevés.
« En bio, c’est le secteur viticole qui s’est développé le plus vite », indique Élisabeth Mercier, présidente de l’Agence bio, plateforme publique de promotion de l’agriculture biologique.
La France comptait fin 2012 quelque 65 000 ha de vignes cultivées en bio (dont les deux tiers certifiés, le reste étant en phase de conversion), soit 8,2 % du vignoble national, à comparer aux 3,8 % de l’agriculture française. Depuis peu, l’inquiétude commence à poindre au sujet des capacités du marché à absorber ces volumes.
La production de vin bio, estimée à un million d’hectolitres en 2012, atteindra 1,4 million cette année puis doublera en 2015. Les viticulteurs indépendants ont été rejoints par des coopératives converties elles aussi au bio et qui représentent aujourd’hui 20 % des volumes environ.
« Dans notre cave, on est confronté à une augmentation des volumes, sans forcément avoir le marché qui suit, note Gilles Ferlanda, président de la cave coopérative des Coteaux de Vizan (Vaucluse) et président de la commission des vins bios de la Confédération des coopératives vinicoles de France. Nous passons d’une situation de pénurie à une situation d’abondance, sans avoir eu le temps de créer le marché. D’ici deux à trois ans, ça va s’équilibrer. On le voit bien en côtes du Rhône cette année : nous avons reçu un appel d’offres de Suède pour 5 000 hectolitres. C’est nouveau. Avant, nous n’aurions pas pu les fournir. En revanche, avant, le vin bio se vendait près du double du conventionnel. Ça n’existera plus, mais il faut qu’on puisse compter sur une valorisation de 30 à 40 %, sinon, ça sera compliqué en terme de rentabilité. »
Gilles Ferlanda est l’un des quinze viticulteurs (sur 150) de sa coopérative à être passé en bio en 2007. Aujourd’hui, ils réalisent 15 % des volumes (6 000 hectolitres). Au premier jour des vendanges, le 27 septembre, il anticipait une « petite, très petite récolte, mais la qualité est là ». Ce qui devrait résoudre les difficultés d’écoulement pour ce millésime. Mais à l’avenir, il n’exclut pas qu’il puisse y avoir quelques conversions à l’envers.
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