Publié le lundi 24 septembre 2012 - 15h02
Poussés par la crise économique et un taux de chômage de 25 %, les Espagnols reviennent en masse offrir leurs bras pour les vendanges en France. D’après le syndicat espagnol UGT (Union générale des travailleurs), 14 500 saisonniers ont ainsi traversé la frontière, dont plus de 10 000 venant d’Andalousie.
Mi-septembre, trente saisonniers, dont vingt Espagnols, travaillaient sur l’exploitation de Bernard Delmas, producteur de blanquette et de crémant de Limoux bio. Nombre de ces Espagnols devaient ensuite poursuivre la saison dans le Beaujolais.
Leur circuit a été planifié en Espagne par Caroline Rivière, 38 ans, de la Société de bienfaisance française de Murcie. Originaire de Toulouse, elle vit en Espagne et a constaté que, cette année, la crise a pris « une pente plus forte ». Pour elle, les Espagnols « ont faim, ils sont à la rue chez eux, désespérés ».
En contact avec sept exploitants agricoles en France et forte d’environ 300 CV, elle a organisé le départ d’une trentaine de travailleurs vers l’Hexagone, dont 70 % pour les vendanges.
Tous investissent beaucoup pour pouvoir travailler. Entre transport et logement, « les quinze premiers jours, ce n’est pas rentable », explique Daniel, 30 ans, ouvrier du bâtiment originaire de Murcie et qui peine à trouver du travail depuis deux ou trois ans en Espagne.
Dans le département voisin des Pyrénées-Orientales, entre Corbières et Pyrénées, sur les coteaux vallonnés du mas Amiel, à Maury, le vigneron Jean-Marie Piqué a lui aussi constaté le retour d’une main-d’œuvre qui avait délaissé ses vignes depuis la fin des années quatre-vingt.
En fait, l’exploitation n’a jamais autant embauché de travailleurs venus de l’autre côté des Pyrénées, explique-t-il. Les Espagnols arrivent cette année de beaucoup plus loin, alors qu’ils venaient traditionnellement des régions frontalières, comme la Catalogne ou la région de Huesca, remarque-t-il.
Ils sont 36 Espagnols parmi la centaine de travailleurs, pour moitié des étrangers, à s’affairer en contrebas du château cathare de Quéribus pour récolter les grains de grenache noir, syrah, muscat et carignan.
Pour le viticulteur, la présence des Espagnols est un soulagement. C’est une main-d’œuvre disponible et motivée, alors qu’avec d’autres saisonniers, comme les jeunes et les marginaux, l’absentéisme est élevé, affirme Jean-Marie Piqué.
AFP
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