Publié le mercredi 23 janvier 2013 - 12h11
Une station de traitement des effluents viticoles va voir le jour à Preignac (Gironde), dans le Sauternais. Le projet mené par le maire ne réunit qu’une vingtaine de viticulteurs sur les 171 de l’appellation.
Jean-Pierre Manceau, maire de Preignac, en Gironde, mobilise les viticulteurs pour le traitement collectif des effluents.
« Les viticulteurs devraient être en conformité avec la législation en se dotant d’une station collective ou individuelle pour traiter les rejets vitivinicoles. Or, il n’en est rien. Les viticulteurs balancent les effluents dans la nature ou dans la Garonne. On ne peut pas parler d’agriculture raisonnée ou de bio dans ces conditions », s’insurge Jean-Pierre Manceau, le maire de Preignac. Ce dernier ne décolère pas : le projet de créer une station d’épuration collective, subventionnée à 75 % par l’Agence de l’eau, le conseil général de la Gironde et le conseil régional d’Aquitaine, ne suscite pas vraiment l’engouement.
« Le coût n’est pas très élevé »
Depuis 2010, date de lancement du projet, quatre réunions publiques se sont tenues et 92 viticulteurs du Sauternais se disaient prêts à adhérer à cet outil mutualisé (l’ODG recense 171 viticulteurs pour 2 127 ha de vignes). « Le coût par viticulteur n’est pas très élevé : 311 euros par ha payables en trois ans pour l’investissement et 91 euros par ha et par an pour les charges de fonctionnement et de ramassage », indique Jean-Pierre Manceau.
Reste que le nombre de viticulteurs intéressés s’est réduit comme peau de chagrin. Seulement une vingtaine d’entre eux serait tentée par ce dispositif. « Les exploitations du Sauternais sont petites et leur rentabilité est faible. Notre appellation connaît des difficultés, justifie Éric Pothier, à la tête du château Pick Laborde, à Preignac, en faveur de la station de traitement. Le nombre de viticulteurs sur ce territoire décroît. À cela s’ajoute le fait qu’il est difficile pour les viticulteurs de travailler collectivement, comme le montre l’absence de cave coopérative. Sur notre propriété, nous ne disposons pas de station propre. Nous stockons nos effluents (600 hectolitres par an) dans une grande cuve. Mais le surplus déborde. Nous ne pouvons pas continuer comme cela. »
L’ODG aux abonnés absents
De son côté, le maire de Preignac ne baisse pas les bras. Il a alerté le préfet. Dès septembre, des visites dans les propriétés ont été déclenchées pour se rendre compte de la situation.
Le maire a également alerté l’ODG de Sauternes, laquelle aurait estimé que « cela n’était pas de son ressort ». « Le traitement des rejets n’est pas dans le cahier des charges de l’ODG », précise Jean-Pierre Manceau. Contactée, l’ODG est aux abonnés absents. Son président et ses collaborateurs sont en tournée aux États-Unis.
La station de traitement des rejets vitivinicoles, qui sera une extension de la station des effluents de la commune, devrait être opérationnelle début 2014.
Colette Goinère
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