Roussillon Les premières vendanges de France ont commencé

Le 9 août, aux environs de 8 heures, les premières « colles » (équipes de vendangeurs) se sont mises à l’œuvre sur les domaines de Cazes ou de Rombeau, à Rivesaltes, pour cueillir à la main ou à la machine les muscats petits grains qui serviront à élaborer des muscats blancs secs primeurs, destinés à être mis sur le marché français le troisième jeudi d’octobre. C’est en fait dès le 8 août que l’on a commencé à vendanger discrètement dans les vignobles du village de Maury.

« L’année dernière avait été exceptionnelle en quantité. Cette année, la quantité est normale, mais la qualité est exceptionnelle, dit Pierre-Henri de La Fabrègue, propriétaire du domaine séculaire de Rombeau. Les vendanges, c’est beaucoup d’émotion, c’est le fruit d’une année. On est là à se demander si tout va bien marcher, si les pressoirs sont bien huilés. Mais quand on les commence dans de si bonnes conditions, on a du plaisir à le faire. »

La climatologie et l’ensoleillement des dernières semaines ont été « absolument parfaits, abonde Emmanuel Cazes, du domaine du même nom. C’est une année qui devrait encore donner le sourire ».

Les viticulteurs de Rivesaltes et ses environs sont traditionnellement les premiers à vendanger. Cela tient à la situation du département, le plus méridional et l’un des plus ensoleillés de France, mais aussi aux petits rendements et à la précocité du muscat à petits grains.

Si l’on récolte dès à présent, c’est parce que certaines parcelles sont déjà bien avancées, mais aussi pour obtenir un vin plus vif, aux arômes de pamplemousse ou de fleur qui sera servi à l’apéritif ou avec du poisson.

« Si on le cueille dans deux semaines, quand le raisin sera bien plus mûr, on sera sur des notes de fruits confits, de menthol, de camphre, des choses plus épicées, une autre personnalité », dit Emmanuel Cazes.

Les vins issus de ces vendanges précoces ne représentent qu’une toute petite partie de la production du Roussillon. La récolte des vins doux naturels rivesaltes et muscat de Rivesaltes, des côtes-du-Roussillon ou côtes-du-Roussillon villages attendra encore. Emmnanuel Cazes, à la tête d’un vignoble de 180 hectares tout en bio avec son père, prévoit « le plein boom » entre le 20 août et le 15 septembre.

Le muscat de Rivesaltes compte pour environ 120 000 des 850 000 hectolitres produits par le département des Pyrénées-Orientales, le rivesaltes 80 000, les AOC Côtes-du-Roussillon et Côtes-du-Roussillon villages environ 200 000, les vins de pays 200 000 ou 300 000 et les vins de table moins de 100 000, précise Marc Guichet, de la chambre d’agriculture des Pyrénées-Orientales.

« L’année dernière, on a eu une récolte exceptionnelle, ça a été la récolte du siècle. Cette année, on pense qu’on sera autour de 35 hl/ha, une récolte tout à fait moyenne pour peu que les conditions climatiques nous accompagnent », indique-t-il.

Quant à la qualité, « c’est joli », dit-il en soulignant l’excellent état du raisin, préservé des parasites et des maladies, « on va de nouveau avoir, comme depuis quelques années, des vins très concentrés, très colorés, très puissants au niveau aromatique ».

AFP