Publié le lundi 20 juillet 2015 - 17h17
En Paca, des chercheurs ont identifié la molécule Y3. Issue d'une souche d’un champignon, elle se montre impitoyable contre les maladies à oomycètes, comme le mildiou. Elle pourrait faire son entrée dans la liste des produits de biocontrôle. À condition de trouver un financement…
Des chercheurs de l’Inra Paca de l’Institut Sophia Agrobiotech, à Sophia Antipolis (Alpes-Maritimes) ont réussi à identifier une nouvelle molécule capable de contrer les maladies à oomycètes, telle que le mildiou de la vigne. Baptisée Y3, cette molécule est produite par la souche d’un champignon issu de la rhizosphère.
Inoculé dans la plante, le champignon agit en produisant ce composé, tuant les spores ou le mycélium présents et ce quel que soit l’hôte végétal. De faibles doses suffisent, témoignant d’une « très bonne efficacité de la molécule sur les oomycètes » : jusqu’à 100 % de mortalité observés par les chercheurs dès 1 mg/l.
MODE D’ACTION CONFIDENTIEL
Le mode d’action précis de cette molécule reste en revanche confidentiel et sa découverte a fait l’objet d’un dépôt de brevet par l’Inra. « L’intérêt est que le champignon ou molécule elle-même produite à partir d’extraits de champignon puisse entrer dans la liste des produits de biocontrôle, explique Michel Ponchet, l’un des deux auteurs de ces travaux. C’est aussi une nouvelle molécule, jamais décrite auparavant, et qui a l’avantage d’être simple. » Une autre voie possible, à terme, serait de la synthétiser.
Mais pour en arriver là, encore faut-il qu’un « partenaire privé » accepte de « prendre le relais »... En d’autres termes, qu’il investisse dans des travaux complémentaires de recherche et développement en vue d’une éventuelle commercialisation. Si tel était le cas, entre cinq et dix années seraient encore nécessaires avant la mise sur le marché de la nouvelle substance.
MANQUE DE VOLONTÉ POUR INVESTIR DANS LE BIOCONTRÔLE
« Mais jusqu’à présent, seuls deux se sont manifestés, sans donner suite, déplore le chercheur. Ce manque de succès est lié à un véritable problème de fond : les firmes n’ont pas la volonté suffisante d’investir dans le biocontrôle, certainement par manque de vision à long terme. »
Et si les chercheurs ne trouvent pas de partenaire intéressé, le programme serait alors purement et simplement remisé au placard.
Juliette Cassagnes
La Vigne - Vitisphere
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