Publié le mardi 13 mai 2014 - 16h36
L'UMvin, le syndicat du négoce, réclame que les décisions en matière d'autorisation de plantations de vignes nouvelles et de rendements soient prises au sein des interprofessions. Il accuse la production de défendre une politique malthusienne destinée à faire monter les prix.
« Toutes les crises de surproduction ont été provoquées par des dérives malthusiennes », a répété Michel Chapoutier, le président de l’UMvin, critiquant les orientations défendues par la production viticole. De gauche à droite : Franck Crouzet (Afed), Michel Chapoutier (UMvin) et Jean-Marie Barillère (CEEV).
Un pavé dans la mare. À l’occasion de la préparation du plan stratégique de la filière viticole 2025 et en plein débat européen sur le nouveau régime des plantations nouvelles, l’Union des maisons et marques de vin (UMVin) a défendu la nécessité d’une « vraie gouvernance paritaire ».
Mardi 13 mai, le négociant rhodanien Michel Chapoutier, nouveau président de l’UMvin, a dressé un constat très critique de la gouvernance actuelle de la filière. S’exprimant avec son franc-parler habituel, il a déclaré devant la presse : « Aujourd’hui, les ODG (organismes de défense et de gestion, NDLR) sont censés consulter les négociants lorsqu’ils prennent des décisions qui ont un impact sur l’économie des marchés. On donne donc notre avis mais on n’est pas écouté. C’est du foutage de gueule ! ».
Concrètement, l’UMvin estime que les décisions en matière d’autorisation de plantations doivent être prises dans le cadre des interprofessions. Idem pour la fixation des rendements. « Si une condition de production prévue dans le cahier des charges [de l’indication géographique ou de l’AOC] ne touche que la qualité, il est normal qu’elle soit prise par l’ODG seule. En revanche, si elle a un impact sur les volumes, elle doit relever de la compétence interprofessionnelle », poursuit le Champenois Jean-Marie Barillère, président du Comité européen des entreprises vins (CEEV). L’Union des maisons de négoce réclame ce changement dans le cadre du plan stratégique que la filière viticole doit remettre au ministre début juin.
Ce n’est pas la première fois que les négociants montent au créneau pour réclamer un droit de regard sur les décisions impactant la production viticole. La différence est qu’aujourd’hui, en plein débat sur le futur régime de plantation, le négoce taxe la production de dérive malthusienne. Une critique qui pourrait être entendue par la commission européenne.
FRACTURE ENTRE LA PRODUCTION ET LE NÉGOCE
« Pour augmenter le prix des vins, la production veut gérer seule les plantations. Comme elle a la main sur le robinet, il lui suffit de le fermer pour faire augmenter les prix. Or, quand un prix augmente, on perd forcément des marchés. On dépasse certains seuils psychologiques. Le consommateur ne suit pas. Au final, on risque de déséquilibrer les marchés avec une offre qui ne répond plus à la demande », argumente le président de l’UMvin et d’enfoncer le clou : « Toutes les crises de surproduction ont été provoquées par des dérives malthusiennes ».
En clair, les négociants apprécient peu les orientations prises par les différents bassins de production en matière de croissance de production. « Les comités de bassin ne sont pas des instances paritaires », constate Nicolas Ozanam, le délégué général de l’UMvin.
Concernant les orientations prises par certains comités de bassin en matière de plantation de vins sans indication géographique, la fracture entre production et négoce semble encore plus grande. « Je peux comprendre que les producteurs d’appellation et d’IGP s’inquiètent de voir des volumes initialement destinés à la production de vins sans IG se retrouver sur leur marché. Personnellement, je suis d’accord pour empêcher de tels transferts de volumes. Mais il faut alors le faire dans les deux sens et interdire aux appellations la possibilité de déclasser en VSIG quand cela les arrange », déclare Michel Chapoutier.
Les arguments chiffrés de l’UMvin. En introduction de leur conférence de presse, les négociants ont rappelé certains chiffres révélateurs du déclin du secteur viticole français : entre 2002 et 2013, la consommation mondiale de vin a progressé de 3 %. Dans le même temps, la France a perdu 14 % de ses surfaces en vignes et a vu reculer sa production de 22 %. Les importations de vin en France ont augmenté de 10 % entre 2003 et 2013. À l’inverse, la part de la France dans les échanges mondiaux a chuté de moitié en 30 ans. |
Aurélia Autexier
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