Lutte antimildiou Vivadour fait les comptes

Vivadour a mené en 2013 et 2014 des essais de réduction de traitements antimildiou. Cette coopérative d’approvisionnement du Gers a travaillé sur deux parcelles : une de colombard et une autre de tannat. En 2014, avec une des méthodes testées, elle a réduit de moitié l’IFT sur le colombard : 3,9 au lieu de 8 pour une méthode dite «â€¯systématique ». La réduction de dose est encore plus nette sur le tannat, où l’IFT est descendu à 2,73, mais avec une forte perte de rendement.

Vivadour a comparé cinq protocoles : 

- la méthode systématique : huit traitements aux doses maximales préconisées par les fabricants.

- la méthode agriculteur qui, en fin de période, cible uniquement les deux tiers supérieurs de la vigne, soit 66 % de la dose du modèle systématique

- le programme Optidose de l’IFV qui consiste à calculer la dose en fonction du volume foliaire et du risque de maladie.

- l’OAD Vivadour où l’on applique la dose «â€¯viticulteur » et où la décision de renouveler un traitement dépend de la croissance de la vigne, du risque de pluie et de la pression de mildiou.

- une combinaison de la méthode Changins et de l’OAD Vivadour où l’on applique une dose selon le volume foliaire, déterminée par un calculateur conçu par la station de recherches de Changins en Suisse.

En 2014, sur le colombard, la méthode Changins + Vivadour offre le meilleur compromis entre la réduction de dose et l’efficacité. L’IFT tombe à 3,87. L’efficacité du traitement est de 84 % sur feuilles et 87 % sur grappes. Le programme de traitement coûte 297 €/ha, contre 455 €/ha en systématique. Les rendements sont identiques à ceux de la protection systématique (4,85 kg de raisin par cep et 121 hl/ha). Le produit brut obtenu à l’hectare, coût de la protection déduit, est de 5 159 € (dans l’hypothèse d’un prix à 45 €/hl), contre 4 988 € avec la modalité systématique.

Cependant, la méthode la plus rentable sur ce cépage est celle dite «â€¯agriculteur », avec un rendement de 129,5 hl/ha et 5 421 €/ha de produit brut, mais pour un IFT qui grimpe à 6,3.

Sur le tannat, l’OAD Vivadour permet de réduire l’IFT à 2,73. Mais le rendement chute à 27,6 hl/ha, contre 40 hl/ha avec la lutte systématique et le programme Vivadour + Changins, soit le rendement maximum en 2014. Au final, c’est cette dernière méthode qui procure le meilleur produit brut, soit 1 695 €/ha en prenant l’hypothèse d’un prix du tannat à 50 €/hl, contre 1 510 € en systématique et 1 180 € avec l’OAD Vivadour.

L’IMPACT SUR LE REVENU

«â€¯Dans notre étude, nous avons tenu à aller jusqu’aux résultats économiques, afin de connaître l’impact de la conduite antimildiou sur le revenu des exploitations, précise Philippe Mauranx, responsable Ecophyto chez Vivadour. Ainsi, sur nos deux années d’expérimentation, la référence systématique reste la plus rentable. Vient ensuite le programme Vivadour + Changins, avec un revenu moyen de 6 % inférieur au revenu procuré par le programme systématique et qui varie selon les années et les cépages dans une fourchette allant de -23 à +12 % par rapport au programme systématique. »

Il faut en effet rappeler qu’en 2013, année de forte pression de mildiou, toutes les méthodes de réduction de dose avaient provoqué des pertes de rendement par rapport à la protection systématique. La perte de revenu est-elle un risque à prendre si l’on tient à réduire les traitements ?

Florence Jacquemoud