Publié le jeudi 18 juin 2015 - 16h38
Autorités sanitaires et associations pour la prévention de l’alcoolisme étaient vent debout mercredi contre l’amendement gouvernemental assouplissant la communication sur l’alcool.
«â€¯Le texte du gouvernement donne un grand coup de hache à la définition de la publicité dans la loi Évin », ont réagi une quinzaine d’associations dans un communiqué conjoint. Elles dénoncent l’amendement «clarifiant» la loi Evin, présenté mardi par le gouvernement dans le cadre du projet de loi Macron, comme une «â€¯défaite de la santé publique », car il «â€¯étend de façon majeure les possibilités de communication sur les alcools ».
Claude Évin, l’auteur de la loi, qui dirige aujourd’hui l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France, a pour sa part évoqué «â€¯un amendement de circonstance » et estimé que la position du gouvernement «â€¯n’est pas claire ». «â€¯On rouvre la possibilité de faire de la publicité plus ou moins directe pour l’alcool » en même temps «â€¯qu’un débat inutile », a-t-il déclaré, déplorant qu’à chaque fois «â€¯cela ouvre la porte à des dérives ».
L’amendement a été salué par le monde viticole par la voix de Vin & Société. Mais pour François Bourdillon, le directeur général de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes), «â€¯c’est la santé des populations qui est attaquée, et particulièrement la jeunesse ».
Dans une tribune publiée mardi soir sur le site du journal «Libération», François Bourdillon - qui dirige aussi l’Institut de veille sanitaire (INVS) - souligne que «â€¯d’année en année, la loi Évin a été minutieusement déconstruite sous la pression des lobbies des alcooliers » : autorisation de la publicité par affichage en 1994, puis de la vente d’alcool dans les stades en 1998, et des références aux appellations d’origine et aux saveurs olfactives et gustatives en 2005, avant l’autorisation de la publicité sur internet 2009.
CONSOMMATION EXCESSIVE DES JEUNES
«â€¯Dans ce contexte, il n’est pas étonnant d’observer depuis dix ans une augmentation des consommations excessives d’alcool, en particulier chez les 18-25 ans », ajoute-t-il, rappelant que les ivresses répétées (plus de trois fois par an) concernaient 28 % d’entre eux en 2014 contre 8 % en 2005.
Fait rarissime, même l’Institut national du cancer (Inca) est monté au créneau pour «â€¯rappeler les enjeux majeurs de santé publique que sont les liens entre alcool et cancer et l’impact de la communication sur la consommation d’alcool ».
On estime au total que près de 50 000 décès par an sont entraînés directement ou indirectement par l’alcool (cancers, maladies digestives ou cardiovasculaires, accidents de la route, etc.) dont 15 000 décès par cancer, selon l’Inca.
AFP
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