Internet Le ton monte à propos des extensions « .vin » et « .wine »

Internet : Le ton monte à propos des extensions « .vin » et « .wine ».

L’Icann, la société américaine qui attribue les noms de domaine sur internet, a décidé depuis plusieurs mois de mettre en vente près de 2 000 nouvelles extensions de noms de domaine. À côté des traditionnels .com, .fr ou .org, il y aurait par exemple les futurs .hotel, .spa ou .club... Trois entreprises spécialisées dans le rachat des noms de domaines - une américaine, une irlandaise et une fixée à Gibraltar - se sont déjà montrées intéressées pour  acquérir des extensions « .vin » et « .wine » auprès de l’Icann.

Cette mise aux enchères inquiète beaucoup les opérateurs du monde viticole. « C’est certain, les entreprises candidates à l’acquisation de ces extensions vont vouloir un retour sur investissement. Ce seront elles qui vendront ensuite les noms de domaines, par exemple champagne.wine, ou vigneronsdescôtesdurhône.vin... Les opérateurs du monde viticole n’auront pas d’autre choix, à terme, que de devoir payer pour éviter un risque d’usurpation de notoriété », explique Pascal Bobillier-Monnot, directeur de la Cnaoc.

Très remontée sur le sujet, cette organisation se mobilise depuis plus d’un an pour éviter un tel racket. L’Icann avait ouvert une phase de discussion, jusqu’au 3 juin, pour que les entreprises candidates à l’achat des extensions « .vin » et « .wine » se mettent d’accord avec les professionnels du secteur viticole. Avec ses homologues européens, la Cnaoc a fait valoir ses arguments mais aucun accord n’a pu être établi. « Plus grave, l’Icann reste sur sa position et ne semble pas vouloir renoncer à la mise en vente des extensions .vin et .wine », poursuit Pascal Bobillier-Monnot.

Le 5 juin, les ministres français des Affaires étrangères et de l’Agriculture ainsi que la secrétaire d’État chargée du numérique ont donc adressé un courrier à la Commission européenne. Il y demandent que l’Union européenne s’oppose à l’Icann et au gouvernement américain sur ce projet d’extension sans garantie pour la protection des indications géographiques. « Les enjeux sur ce dossier, révélateurs des problèmes rencontrés dans la gouvernance mondiale d’internet et de la différence d’approche entre l’Union européenne et les États-Unis quant à la nécessaire protection des indications géographiques, nécessite une grande fermeté dans la position de la Commission et des États membres », écrivent les représentants de l’État français.

La prochaine session de l’Icann est prévue du 22 au 26 juin, à Londres (Royaume-Uni). En attendant, la filière viticole espère une réaction forte de la Commission européenne.

Aurélia Autexier