Gard  Le vrac rentable si anticipé

Assemblée générale des Vignerons indépendants du Gard, le 27 avril, au Clos des Américains, à Vauvert. © M. TRÉVOUX

Des stratégies mal définies conduisent à des baisses de rentabilité. C’est la conclusion d’une analyse menée par CER France du Gard à la demande de la Fédération gardoise des Vignerons indépendants.

L’association de gestion a présenté ses résultats ce lundi 27 avril lors de l’assemblée générale des Vignerons indépendants, au Clos des Américains, à Vauvert. L’étude a porté sur 39 domaines, exploitant 42 ha et produisant 2 500 hl en moyenne (rendement moyen : 57 hl/ha), avec un chiffre d’affaires qui s’établit à 472.000 €, toujours en moyenne. Elle s’appuie sur les informations issues des grands livres comptables de l’exercice 2013 et inclut une rémunération de la main-d’œuvre familiale de 24 000 euros nets par an et par personne avec des cotisations sociales pour 43 % de ces montants.

DES MARGES NÉGATIVES SUR LE VRAC ET LES BIB

La marge moyenne dégagée par exploitation s’élève à 3 280 euros, mais ce chiffre global masque de fortes disparités selon le mode de commercialisation. Alors que les ventes en bouteilles dégagent une marge de 10 %, le vrac et les BIB affichent des marges déficitaires : -22 % pour le vrac et -1 % pour les BIB.

«â€¯Sur les 39 caves étudiées, seules 6 ont des marges positives sur les ventes en vrac, alors que parmi les 27 caves qui commercialisent en bouteilles, 24 ont des marges bénéficiaires sur les ventes de leur haut de gamme », précise Anne-Claire Durel, de CER France, qui a présenté cette étude.

Même avec un cours du vrac revalorisé ces dernières campagnes, les prix de revient sont supérieurs au prix de vente, y compris pour des rendements supérieurs à 60 hl/ha. Les exploitations analysées ont vendu leurs vins en vrac au prix de 100 €/hl en moyenne, alors que leur prix de revient atteint 132 €/hl.

LE VRAC RENTABLE SI ANTICIPÉ

Sur l’échantillon, «â€¯le vrac est une activité rentable, lorsque cette orientation est définie dès le départ et que les coûts de revient sont adaptés. Les vignerons perdent de l’argent sur le vrac lorsqu’ils vendent des vins prévus pour la bouteille », détaille Anne-Claire Durel.

L’analyse met aussi en lumière les écarts de coût de revient à la bouteille selon le positionnement du produit. Pour les entrées de gamme, le coût de revient s’établit à 2,79 €, il atteint 3 euros pour le cœur de gamme et 4 euros pour le haut de gamme. Ce coût se décompose en trois tiers, à peu près égaux, pour le vin, le conditionnement et les frais de commercialisation.

«â€¯Cette étude, qui détaille les coûts de la production du raisin au vin commercialisé, est intéressante car elle permet de se situer et de vérifier poste par poste si on est dans les clous », commente François Collard, vigneron à Beaucaire.

En conclusion de cette analyse, CER France invite les vignerons indépendants à bien distinguer deux stratégies :
• l’une visant à élaborer des produits à forte identité, ce qui nécessite d’investir sur les circuits de distribution aptes à créer de la valeur ajoutée ;
• l’autre ciblée sur le vrac, qui suppose une optimisation des rendements et des coûts de production pour être compétitif.

«â€¯Ces deux solutions peuvent cohabiter sur une même exploitation, à condition de bien distinguer les parcelles affectées à l’une ou à l’autre de ces deux stratégies », a précisé Anne-Claire Durel.

Michèle Trévoux La Vigne - Vitisphere