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Droits de plantation Gagnants et perdants de la fin d’un système

Publié le mardi 12 mars 2013 - 11h47

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Deux économistes de l’université de Leuven (Belgique) ont étudié l’impact de la fin des droits de plantation dans le secteur viticole. Ils estiment que les propriétaires de vignobles ont le plus à y perdre, alors que les consommateurs ont le plus à y gagner.

Koen Deconinck et Johan Swinnen, deux chercheurs en économie à l’université de Leuven (Belgique), ont publié en début d’année une étude sur les droits de plantations dans le secteur viticole. Ils y opèrent une modélisation mathématique de l’impact qu’aurait une libéralisation des droits de plantation.

Leur analyse montre que la fin d’un système d’encadrement des plantations bénéficierait à trois catégories de personnes. En premier lieu, les consommateurs « profiteraient d’une plus large gamme de vin à des prix plus bas ». Ensuite, elle bénéficierait aussi « aux propriétaires de terres, non encore plantées », puisque ce marché foncier serait orienté à la hausse. Enfin, la troisième catégorie de gagnants serait constituée des « nouveaux arrivants dans le secteur viticole » qui, jusqu’à présent, avaient plus de mal à rentrer dans le système.

Les chercheurs montrent que les principaux perdants seraient les propriétaires de vignobles existants. Sur ce point, Koen Deconinck précise : « Toutes les régions viticoles européennes ne seraient pas touchées de la même manière. En Espagne, dans la Rioja, les prix actuels des droits de plantations sont très élevés car il y a pas mal de postulants à la plantation. Pour une région comme celle-ci, la libéralisation aurait un impact considérable. »

Concernant la France, le chercheur se montre prudent : « L’impact est plus difficile à mesurer chez vous car on ne peut pas se baser sur le prix des droits pour savoir s’il y a ou non une forte demande de plantation nouvelle. Cela est notamment dû au système de la bourse national de droits, qui lisse le prix des droits, et au système des autorisations de planter délivrées par l’Inao, qui peut décourager ceux qui veulent planter. »

Contrairement aux prédictions avancées par les défenseurs des droits de plantation, Koen Deconinck ne croit pas que toutes les terres situées dans une aire d’appellation se retrouveraient plantées du jour au lendemain. Il estime que beaucoup des meilleures terres sont déjà plantées.

« À Cognac, par exemple, on passerait peut-être de 10 à 11 % des terres plantées en plus, mais je ne pense pas qu’il y aurait un doublement des surfaces de vignes, déclare-t-il. Les opérateurs qui souhaitent investir ne planteront pas n’importe comment. Ils chercheront à faire des bénéfices et réfléchiront à deux fois où installer leurs vignes et dans quelles proportions. »

Pour le chercheur, « le système actuel des droits de plantation n’est pas efficace du point de vue économique, mais il est symptomatique d’un conflit d’intérêt entre les consommateurs et les producteurs de vin. Or, les consommateurs sont moins bien organisés au niveau européen pour défendre leur intérêt… » et d’assurer pour l’avenir : « Sur ce dossier, la force des lobbyings respectif sera décisive. »

Les vignobles à débouchés locaux seraient les plus menacés

L’impact de la libéralisation des plantations dépendrait de « l’élasticité de la demande » pour un vin, en clair des possibilités de marché. Pour Koen Deconinck, le fait d’être une région très exportatrice ou de bénéficier d’un vaste marché constituerait un avantage en cas de libéralisation. « Les vins qui bénéficient d’une forte demande à l’export pourront mieux gérer l’accroissement de leur volume.

En revanche, ceux dont la consommation est essentiellement locale risquent d’avoir du mal à ajuster leur offre à la demande sans passer par une baisse de prix. » Le chercheur précise que cette distinction n’a rien à voir avec les catégories juridiques existantes (vins d’appellation, vins sans indication géographiques…).

Aurélia Autexier

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