Publié le mercredi 30 novembre 2011 - 20h11
Le 30 novembre, la Grèce a pris officiellement position contre la libéralisation des droits de plantation de vignes dans l'UE, portant le total des soutiens à 197 voix. Il reste 54 voix à acquérir pour une majorité qualifiée des opposants au Conseil de l'UE.
Nouvelle satisfaction pour les opposants à la libéralisation des droits de plantation de vignes dans l’UE : « La Grèce prend position contre », s’est réjouie Efow, la Fédération européenne des vins d’appellation, engagée dans un bras de fer avec la Commission européenne à Bruxelles.
Ce nouvel allier, le treizième parmi les pays producteurs de vin de l’UE (1) amène douze nouvelles voix à la contestation de la profession viticole, portant le total des voix opposantes à ce projet au Conseil de l’UE à 197.
Le Copa-Cogeca (agriculteurs et coopératives agricoles de l’UE) a salué la décision du gouvernement grec, en appelant au maintien des droits de plantation pour tous les types de vin du secteur vitivinicole européen. Il a exhorté les autres États membres à se joindre à cette initiative.
« J’appelle la Commission et les ministres à les maintenir, faute de quoi l’on risque de s’orienter vers un secteur vitivinicole industrialisé au détriment des exploitations à caractère familial », a souligné Thierry Coste, président du groupe de travail vin du Copa-Cogeca.
La libéralisation des droits de plantation doit prendre effet au 1er janvier 2016 et les opposants à leur disparition cherchent encore à rallier 54 voix pour obtenir la majorité qualifiée au Conseil de l’UE.
Dans l’état actuel des choses, souligne Pascal Bobillier-Monnot, directeur de la Cnaoc, la confédération des syndicats d’AOC viticoles, c’est la seule solution immédiate dont disposent les partisans des droits de plantation, devant la fermeté de la Commission européenne sur le sujet. Cette dernière « soutient que c’est une décision prise par les ministres de l’UE en 2008 et elle ne bougera pas », insiste Pascal Bobillier-Monnot.
La Cnaoc a bon espoir de convaincre trois États membre producteurs de vins qui ne se sont pas prononcés sur la libéralisation des droits de plantation (Bulgarie : 10 voix, Slovénie et Malte : 4 voix chacun), soit 18 voix tout au plus.
« On est très proche de cette majorité qualifiée », soutient malgré tout Pascal Bobillier-Monnot, précisant que la Slovénie avait déjà donné son accord de principe.
Les voix restantes devront être arrachées aux États membres non producteurs de vin pour qui l’enjeu de cette disparition peut susciter beaucoup moins d’intérêt. Les efforts de lobbying se portent actuellement sur des pays agricoles importants de l’UE, notamment le Royaume-Uni (29 voix) et la Pologne (27 voix).
Pour le directeur de la Cnaoc, ça va se négocier, mais « s'il y a des contreparties, elles se feront dans d'autres secteurs agricoles ».
« C’est la responsabilité du gouvernement français d’aller chercher ces voix », martèle Pascal Bobillier-Monnot, qui constate que « plus rien ne se passe de ce côté du Rhin depuis juillet. L’Allemagne se dit déterminée si elle obtient l’assurance de l’implication du gouvernement français ».
« La Commission ne peut pas rester sourde quand treize États membres représentant 66 % de la population et 97 % de la production totale de vin de l’UE lui demandent de rouvrir le débat », fustige pour sa part Riccardo Ricci Curbastro, président d’Efow, cité dans un communiqué.
De son côté, Bernard Farges, le président du syndicat des bordeaux et bordeaux supérieur et tout nouveau président de la Cnaoc depuis le 15 novembre souhaite que « le Parlement européen et le Conseil fassent preuve d’ouverture et de courage politique » et « aident (les viticulteurs) dans (leur) combat en faveur des droits de plantation dans le cadre de la Pac ».
Pascal Bobillier-Monnot se veut rassurant : « Dans toutes les situations, le Parlement européen est déterminé à passer en force. Dans le cadre des négociations sur la Pac, assure-t-il, un amendement des députés réintroduirait le système des droits de plantation dans l'OCM unique. Nous maintiendrons la pression tout au long de 2012 », prévient-il.
En France, la profession mobilise les élus locaux pour qu’ils pressent le gouvernement d’agir. Des représentants des Jeunes agriculteurs ont manifesté le 29 novembre devant les préfectures de Gironde, en Languedoc-Roussillon et en Alsace, indique Pascal Bobillier-Monnot.
(1) États membres contre la libéralisation des droits de plantation au 30 novembre 2011 : Allemagne, France, Italie, Espagne, Portugal, Hongrie, Autriche, Roumanie, Luxembourg, Chypre, République tchèque, Slovaquie et Grèce.
B. V.
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