Publié le vendredi 11 avril 2014 - 15h50
Le congrès de la Confédération nationale des syndicats d’AOC (Cnaoc), organisé en Avignon les 10 et 11 avril, a fait le point sur les modalités de régulation des plantations de vignes nouvelles après le 1er janvier 2016. Les intentions de la Commission européenne soulèvent de nombreuses craintes.
Véronique Guérin, du Bureau européen de l'agriculture (BEA), Bernard Farges, président de la Cnaoc, et Thierry Coste, président du groupe vin au Copa-Cogeca. © A. AUTEXIER
On pensait le dossier sur la libéralisation des plantations de vignes définitivement clos. Il n’en est rien. À l’occasion de son traditionnel congrès annuel, la Cnaoc a organisé une table ronde sur l’actualité européenne viticole. Parmi les sujets d’inquiétude : la rédaction de l’acte délégué sur le futur système de régulation des plantations qui doit rentrer en application le 1er janvier 2016.
« Des moutures du texte ont déjà circulé et plusieurs points nous inquiètent », a expliqué Bernard Farges, le président de la Cnaoc. En l’état, les règles proposées par la Commission européenne favoriseraient, selon la Cnaoc, « un contournement du système de régulation pour les AOC et les IGP ». Et d’expliquer : « La plantation de vignes destinées à la production de vins sans indication géographique (VSIG) deviendrait possible partout y compris sur des zones de production des AOC et IGP. Or, ces vignes destinées aux VSIG pourraient revendiquer, à terme, l’AOC ou l’IGP à partir du moment où elles respectent les cahiers des charges en question. Ce serait donc un moyen de contourner la régulation stricte mise en place depuis plusieurs décennies. »
« LE DIABLE SE CACHE DANS LES DÉTAILS »
« La bataille contre la libéralisation des droits de plantation a été gagnée il y a un an. Mais il ne s’agit là que d’une victoire d’étape », a insisté Thierry Coste, président du groupe vin au Copa-Cogeca. Selon ce responsable, la Commission européenne, qui souhaitait une libéralisation totale de la plantation de vigne en Europe, n’a pas digéré d’avoir dû lâcher du lest. « On sent comme un sentiment de revanche dans l’acte délégué qui est en cours de préparation. Il faut être très vigilant sur ce texte car le diable se cache dans les détails. »
Pour être forte dans la négociation, encore faudrait-il que la filière vin soit soudée. Or, rien qu’au niveau français, on observe deux positions. « Certaines régions, comme l’Alsace et la Champagne, ne souhaitent pas d’autorisation de plantation de VSIG chez elles. À l’inverse, d’autres comme Cognac ou Midi-Pyrénées, sont plus ouvertes, détaille Bernard Farges. Ces différents positionnements sont légitimes et doivent être respectés. C’est la raison pour laquelle le futur système doit mettre en place des outils pour décider région par région. Or, pour l’instant, les critères prévus dans l’acte délégué sont uniquement nationaux. »
Casse-tête de l’enrichissement : « À terme, il faudrait un seul régime en France » Autre sujet à l’ordre du jour du congrès de la Cnaoc : l’enrichissement. « La France est le seul État membre où coexistent deux systèmes d’enrichissement : la chaptalisation et les moûts concentrés rectifiés, rappelle Bernard Farges. Une chose est sûre, personne, que ce soit l’administration ou la profession viticole, ne veut revivre les aberrations de la dernière vendange. Il faut que les régions sachent, plusieurs semaines avant la prochaine récolte, à quelle méthode elles auront droit. Ensuite, au moment des vendanges, on déterminera si oui ou non l’enrichissement est nécessaire et à quel niveau. Et à terme, il faudrait un seul régime en France ». Lequel ? La chaptalisation ou les MCR ? À cette question, le président de la Cnaoc a répondu : « Je vois mal l’Alsace, la Champagne, la Bourgogne et Bordeaux renoncer à la chaptalisation… » |
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