Publié le mardi 14 août 2012 - 17h52
Le ministère de l'Agriculture prévoit une récolte de 2,1 millions d'hl en Champagne, soit un quart de moins que la moyenne quinquennale. Une succession de plaies s'est abattue sur le vignoble. Exemple dans la vallée de la Marne, près de Château-Thierry.
Alexandre Bombart, viticulteur à Citry (Seine-et-Marne), et Guillaume Rifflard, technico-commercial chez Cohésis vigne. © B. COLLARD
« Pour commencer, je vous emmène sur une parcelle qui a sévèrement gelé au printemps, puis qui a coulé. Et où maintenant, du mildiou sort sur grappe », explique Guillaume Rifflard, technico-commercial chez Cohésis vigne, un distributeur champenois. Arrivé sur place, il détaille : « Regardez comme les grappes sont petites ! Et regardez ! Il n'y en a même pas sur tous les pieds. Si cette parcelle porte 3 000 kg/ha, c'est bien le maximum. »
Nous sommes à Fossoy dans l'Aisne, première étape d'une visite dans l'ouest du vignoble champenois, l'un des secteurs les plus affectés par les intempéries cette année. « Ici, on parle d'un rendement moyen de 6 000 à 7 000 kg/ha », poursuit Guillaume Rifflard, alors que la Champagne espère récolter près de 10000 kg/ha en moyenne, soit 2,1 millions d'hl selon les prévisions du ministère de l'Agriculture établies au 1er août.
À Fossoy, après le gel de printemps, les contre-bourgeons sont repartis, donnant naissance à des sarments peu fertiles portant de petites grappes que la coulure a rendues lâches et millerandées.
Après ces explications, Guillaume Rifflard tient à nous montrer la plus touchée de son secteur, située à Romeny-sur-Marne, à la limite ouest du vignoble champenois. De loin, on dirait qu'une tornade brûlante en a desséché le bas.
Ce 10 août, pratiquement toutes les feuilles basses sont grillées ou tombées. Seules les feuilles du haut sont encore vertes. Cette vigne ne porte pas la moindre grappe. Même pas de traces de rafles. Elle se situe sur un coteau au nord de la Marne. Son exploitant ne peut pas y accéder avec un tracteur. Pour les traitements, il n'a que l'hélicoptère.
Pour son malheur, il a dû l'attendre jusqu'à la deuxième quinzaine de mai, le temps que des fongicides soient autorisés pour les traitements aériens. Ce retard a perdu sa récolte. « Ceux qui ont pu faire le premier traitement à temps au chenillard s'en sont sortis », assure Guillaume Rifflard
Nouvel arrêt à Citry, chez Alexandre Bombart (à gauche sur la photo). Ce vigneron exploite 5,5 ha avec son père et cultive 4 ha en prestation de service pour d'autres exploitants. Avec son ouvrier, il est en train de cisailler les entre-cœurs à la main pour aérer le feuillage.
« Au début de la saison, je ne me suis pas inquiété explique-t-il. La pression de mildiou était moins forte qu'en 2009. Puis ça n'a pas arrêté. Nous avons eu 20 jours de pluie en juin et 320 mm en juin et juillet. On finissait de palisser une parcelle. Le feuillage était sain. Le lendemain, on voyait des taches de mildiou sur feuilles sortir de partout. »
Face au danger, le 10 août, Alexandre Bombart avait déjà appliqué 10 à 13 antimildiou contre 7 à 8 l'an dernier. Il avait complété ce programme en ajoutant un antimildiou à l'antipourriture appliqué sur la zone des grappes. Cela n'a pas empêché « des sorties sur grappes après les orages du 14 juillet. 15 à 20 % des grappes sont atteintes de rot brun ». Mais en circulant dans ses vignes, on constate ces attaques de rot brun restent contenues, car elles touchent peu de baies par grappes.
Contre toute attente, « les parcelles sur sable sont les plus touchées. Dans les secteurs argileux, pas une grappe n'est atteinte », détaille Alexandre Bombart, incapable d'expliquer ce phénomène.
La tournée s'achève au dépôt de Cohésis à Charly-sur-Marne. Stéphane Macron, viticulteur sur 15 ha, vient y chercher une pièce pour son pulvérisateur de jardin. Tout naturellement, la discussion s'engage sur le mildiou. Un peu désespéré, Stéphane Macron reconnaît avoir fait 13 à 14 antimildious dont deux appliqués avec un antipourriture sur la zone des grappes. « Malgré cela, j'ai du mildiou qui sort », dit-il. Il lui faut un jour et demi pour traiter toutes ses vignes.
Cette année, les pluies furent tellement régulières qu'à chaque cycle de traitement, elles en ont lessivé un. « J'ai toujours eu un tonneau qui s'est fait rincer, dit-il. En 38 ans de métier, je n'ai jamais vu cela. »
Son vignoble a subi le gel d'hiver, de printemps, la coulure, le mildiou, un peu d'échaudage et maintenant « déjà un peu de pourriture grise ». Au mieux, il s'attend à rentrer entre 8 000 et 9 000 kg/ha, la plus petite récolte de sa carrière.
B. C.
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