Publié le mercredi 21 mai 2014 - 09h20
Lors d’un séminaire organisé par l’Inra à Gruissan, dans l’Aude, Bruno Kessler, président de l’Anivin de France, a plaidé pour une baisse des coûts de production et une hausse des rendements afin d’améliorer la compétitivité de la filière. Pour lui, forte productivité et qualité ne s’opposent pas.
Bruno Kessler, président de l’Aninvin de France, s’est illustré lors du séminaire Winetech plus organisé le 16 mai dernier, à Gruissan (Aude), par l’Inra sur le thème de l’innovation dans la filière vin.
Lors de la table ronde proposée l’après-midi, il a développé plusieurs idées dont l’objectif, semble-t-il, fut de titiller certaines sensibilités. Il a en premier lieu soulevé un problème « typiquement français » consistant à « proposer une offre qui ne souhaite pas s’adapter à la demande mais qui cherche plutôt à adapter la demande à ce qu’elle a à proposer ». Pour Bruno Kessler, les parts de marché du vignoble français ne pourront pas progresser tant que la France ne comprendra pas qu’il faut proposer des produits « à la carte » pour se battre sur le marché international.
« S’ADAPTER »
Une Espagnole l’interpelle alors en lui demandant « s’il faut vendre son âme pour s’adapter au marché ». Il répond que « la majorité des transactions se font en Business to Business et non en Business to Consumer et qu’il est, de ce fait, nécessaire de s’adapter à un marché global ». Une manière de dire qu’il est inenvisageable d’éduquer chaque consommateur à une typicité régionale.
Arrive alors le second sujet de débats : le prix des vins sur le marché international. Pour certains, comme Xavier Lopez, œnologue du groupe coopératif Caves et Vignoble du Gers, il faut « faire accepter des prix qui restent en cohérences avec la qualité des vins produits ».
Pour Bruno Kessler, il est primordial de « réduire au maximum les coûts de revient et redevenir concurrentiel, car le prix est un élément-clé des débouchés ». Il souligne qu’avant tout « le rendement est le levier de la rentabilité » et lance, narquois, que les mentalités doivent changer car « il ne faut pas croire que la qualité est opposée à une forte productivité ».
CÉPAGES RÉSISTANTS
Lorsqu’une viticultrice du Minervois apostrophe l’assemblée sur les problèmes de rentabilité rencontrés par les producteurs AOC, Bruno Kessler ne prend pas de gants pour lui dire « qu’aux États-Unis, personne ne sait à quoi correspond le mot "minervois" et qu’il y a peu de chance pour que cela arrive un jour ». Autrement dit, il est difficile de vendre ces vins à des prix élevés.
Enfin, le président de l’Anivin se lance dans une apologie des cépages résistants aux maladies. Il souligne « que ces cépages sont économiquement très intéressants, car ils permettent de réduire notablement les coûts de production » et que, dans l’avenir, « leur croissance peut être fulgurante, car ils répondent aux attentes des consommateurs en quête de produits cultivés avec moins d’intrants ».
Après un témoignage vidéo de Vincent Pugibet, propriétaire du domaine de la Colombette (Hérault) et producteur de vins issus de cépages résistants, des applaudissements retentissent dans la salle. Ils encouragent une manière de voir qui reste encore révolutionnaire dans le milieu viticole français : changer pour s’adapter ! Pour Bruno Kessler, ce vigneron a tout compris.
Adèle Arnaud
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