Publié le mardi 17 janvier 2012 - 15h42
Bordeaux école management (BEM) présentera, le 18 janvier prochain, le résultat de deux études, une menée en France, l’autre en Californie (États-Unis), auprès de viticulteurs pour comprendre pourquoi ils se sont engagés dans la viticulture biologique. Ici comme là-bas, il apparaît que passer en bio relève plus de la conviction morale que de l’appât du gain… En avant-première, voici les motivations des convertis au bio.
Olivier Gergaud, professeur à Bordeaux école management (BEM), a étudié les raisons qui poussent les viticulteurs à s'engager dans la viticulture biologique.
Quelle est la première motivation qui pousse les viticulteurs à se lancer dans le bio ? Le business ? Réponse fausse. Le ressort essentiel de l’engagement dans le bio, il faut aller le chercher ailleurs que dans le porte-monnaie.
Olivier Gergaud, professeur à BEM, et Magali Delmas, professeur à l’Anderson School of Management de l’université de Los Angeles (États-Unis), se sont appuyés sur une enquête réalisée en 2010 auprès des Vignerons indépendants de France pour comprendre leurs motivations. 939 Vif ont été auscultés.
Leurs réponses montrent des considérations multiples, mais plus morales que pécuniaires : 86% expliquent leur conversion au bio par le souhait de mieux protéger la nature et l’environnement. 51 % déclarent répondre à des préoccupations philosophiques, 51 % espèrent protéger leur santé, 41 % vont vers le bio pour relever des défis techniques, 32 % pour augmenter le prix de leur vin et 30 % pour répondre à la demande des consommateurs.
Olivier Gergaud et Magali Delmas ont passé au peigne fin plusieurs critères. Leurs constats sont parfois étonnants. Ils constatent que les viticulteurs qui héritent de leurs domaines sont moins tentés de devenir certifiés par rapport à ceux qui en font l’acquisition.
« En recevant une propriété en héritage, il y a souvent le poids du passé, une dépendance qui peut rendre l’innovation difficile », explique Olivier Gergaud.
Autre élément : les viticulteurs implantés dans des régions autres que la Bourgogne, le Bordelais et la Champagne s’engagent davantage vers le bio. « La probabilité de faire du bio augmente de 10 % pour les vignerons qui font du vin de pays et du vin de table, hors des trois régions viticoles citées. Et le pourcentage grimpe à 22 % pour ceux qui sont en AOP », indique-t-il.
Enfin, l’âge du capitaine a son importance : entre 23 et 32 ans, peu de viticulteur s’engagent vers le bio.
Outre-Atlantique, l’enquête menée par Magalie Delmas auprès des viticulteurs californiens montre, là encore, un fort désir de transmettre à ses descendants un vignoble pérenne et sain, que ce soit dans la qualité du sol ou des raisins, mais aussi un business durable.
35 % des sondés qui envisagent de transmettre leur propriété à leurs enfants sont vraiment tentés par la certification bio. 20 % vont vers le bio pour l’amélioration de la qualité des raisins et 14 % pour la viabilité à long terme du business. 10 % pour la qualité des sols. Un même pourcentage répond que c’est pour répondre à la demande croissante des consommateurs.
Autre enseignement de cette seconde étude : les viticulteurs californiens affirment la nécessité d’être accompagnés par un organisme institutionnel dans leurs démarches de conduite de la vigne en bio.
Plus d'informations sur le site de BEM.
C. G
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